Un jour de la Martinique
Nique, nique
Son pays
Une fille sympathique
Thique, thique
Vint ici
Avec le charme et la grâce
Un peu lasse de là-bas
Elle se fit une petite place
Comme ouvreuse de cinéma
{Refrain:}
Bonbons caramels, esquimaux, chocolat
Bonbons caramels, esquimaux, chocolat!
Annie Cordy aurait un procès si elle enregistrait cette chanson en 2017. Depuis qu’elle a « commis » cette chanson, des fonctionnaires fédéraux et provinciaux, à la rectitude politique exemplaire et au jugement implacable ont sévi et banni à jamais le mot esquimau, ou eskimo *, pour le remplacer par inuit, lequel en langue inuktitut (la langue des esquimaux) veut dire, les êtres humains, les gens, le monde… autrement dit, si vous pensez désigner avec ce mot, des gens qui vivent au nord du Canada dans la toundra, de chasse , de pêche – et de subventions fédérales et provinciales- , vous l’avez tout faux.
Eskimo est un mot amérindien (ma grand-mère aurait dit « un mot sauvage » et se serait fait crucifier en 2017 pour parler ainsi). Elle me parlait de l’été des sauvages… pas mal plus beau et poétique comme expression, que l’été indien. Quel rapport ont en effet nos brèves vagues de chaleur canadiennes après le premier gel, avec l’été de Calcutta ou de Mombai? Pourtant, elle avait raison! Sauvage, veut dire non civilisé, donc qui n’appartient pas à une civilisation. -Je sens ici des poils lévro-politiquement corrects qui commencent à se dresser. Les Mayas, Aztèques, Incas, Perses, Grecs et Égyptiens de l’antiquité ont formé des civilisations. Ils remplissent une condition essentielle pour avoir droit à ce titre : la pérennité. Ils ont construit des temples et des pyramides qui devaient durer pour l’éternité. Ils ont scruté le ciel et tenté d’en découvrir les secrets, le mécanisme qui en réglait le déplacement des lumières qu’ils observaient dans la nuit. Cela s’appelle en effet la permanence, la pérennité, le souci de construire, composer, produire, créer des oeuvres pérennes, pour l’éternité… Pendant ce temps, nos sauvages canadiens, luttaient pour survivre de chasse et de pêche dans un climat inhospitalier. Peut-on alors leur reprocher dans ces conditions rudes, de n’avoir construit que des igloos et dressé que des tentes de peaux de caribou, pendant que les Aztèques et les Mayas érigeaient les temples monumentaux qui sont encore debout? Pas question non plus que des sauvages développent l’agriculture. On parlera alors de peuple algonquin mais pas de civilisation algonquine. Mais pourquoi donc le mot « sauvage » serait péjoratif? On peut préférer les minuscules fraises sauvages surettes aux grosses fraises « cultivées » de l’île d’Orléans, inventées par l’homme « civilisé ». Tous les goûts sont dans la nature.
À l’été de 1964, j’avais 19 ans et j’étais étudiant à l’université en génie géologique. J’ai été le seul de ma classe a chercher un job d’été à l’extérieur du Québec. Je voulais perfectionner l’anglais que j’avais appris, toujours grâce à un job d’été , dans le nord ontarien, l’été auparavant. La Commission géologique du Canada m’embaucha donc pour un deuxième été, comme assistant junior mais cette fois, sur une équipe de cartographie géologique dans les Territoires du Nord-Ouest canadien, à l’ouest de Baker Lake (Qamani’tuaq (ᖃᒪᓂᑦᑐᐊᖅ en langue esquimaude « là où la rivière s’élargit » ou « grand lac rejoint par une rivière aux deux extrémités », près du cercle polaire. J’avais hâte de découvrir cette toundra couverte de lichens dont on m’avait parlé à l’école, sa faune et sa flore, mais surtout les esquimaux qui y vivaient. Je n’ai pas été déçu. Le côté exotique de leurs mœurs et coutumes m’a attiré et littéralement séduit. Esquimau ou eskimo dans la langue des sauvages qui habitaient jadis les régions limitrophes de la toundra, veut dire mangeur de viande crue.
Par un beau soir d’août, ils m’invitèrent à la chasse au caribou. Les enfants fréquentaient une école de Churchill (Manitoba), dans le « sud », sur la Baie d’Hudson, de septembre à juillet et profitaient donc de ces longues vacances avec leurs parents, dans les « barrens ». Ils me servaient d’interprètes auprès d’eux. Nous avons abattu à la Winchester, 13 caribous ce soir-là et en moins de deux heures! Quand le sang gicla de la carcasse du premier animal abattu, les enfants se précipitèrent dans la bidoche, s’en barbouillèrent le visage de sang puis arrachèrent la chair à pleines mains, avant de s’en repaître goulûment. Le mot esquimaux prenait alors sa pleine signification, mangeurs de viande crue!
Ne laissons pas des fonctionnaires bien pensants à la rectitude politique aussi douteuse que la maîtrise de leur langue, nous dicter notre vocabulaire. Après tout « fonctionnaire » est un mot péjoratif, pour lequel on va inventer bientôt un substitut… car avez-vous déjà vu un fonctionnaire fonctionner correctement?
* Le mot « Esquimau » est un terme offensant autrefois couramment utilisé pour désigner les membres du peuple inuit habitant depuis des millénaires les régions arctiques de l’Alaska, du Groenland et du Canada, une terre qu’ils appellent « Inuit Nunangat ». – L’Encyclopédie Canadienne
Excellente chronique, M. Du Berger. J’ai toujours eu le plus grand respect pour les peuples autochtones. J’ai travaillé 5 saisons en carto géologique et études metallogeniques dans la Fosse du Labrador avec un Montagnais de Bersimis, Jean-Marie Bacon, qui avait travaillé avec Éric Dimroth durant toutes les annees qu’il avait passé dans la Fosse. Un etre extraordinaire qui connaissait chaque affleurement et chaque indice rencontre auparavant.
Eric Dimroth était un génie. Il était le spécialiste mondialement reconnu de la volcanologie sous-marine et ses travaux sur la composition de l’atmosphère au Précambrien ont fait école et sont encore cités. Il était capable de grandes synthèses entre des domaines des géo-sciences aussi éloignés entre eux que la volcanologie et la géophysique. C’était aussi un érudit de grande culture.
j ai bcp de Respect pour ces Esquimaux , qui se sont Adaptes a cette vie tres dure , vu les conditions Difficiles ,,mais la Fin de l article est Tordante , Merci Reynald
Que vos opinions rejoignent souvent les miennes, mais je crois que bien des expressions et habitudes disparaitront avec notre génération, des appellations qui veulent dire quelque chose disparaitront pour faire place a des mots neutres et vagues sans couleurs et saveurs, mais vous avez le don de me faire redécouvrir des perles de mon enfance, Annie Cordy la petite blonde bourrée d’énergie et de talent toujours la a 89 ans, Merci pour ce court texte plein de bon sens et totalement politically incorrect.
Bonjour Monsieur Duberger,
Je passe chez vous à toutes les fois qu’un ami commun des TR (MA) me fait parvenir un de vos textes qui sont excellents et intelligents.
Je les fais circuler jusqu’en Thaïlande.
Par contre ce matin je vous ferai remarquer, (j’en profite parce que vous n’êtes pas le seul à faire ainsi) que vous utilisez le MASCULIN pour le mot
« JOB »…
Si vous saviez comme je nous trouve sans colonne vertébrale, nous les QUÉBÉCOIS DE SOUCHE, quand nous acceptons de changer notre langue
notre vocabulaire, notre grammaire pour faire comme les Français de France qui eux s’anglicisent à qui mieux mieux pour plaire aux « Etatsuniens.¨
Je lis ou entends nos journalistes utiliser le masculin pour JOB, GANG, entre autre comme si notre langue faisait défaut.
Que j’aimerais dont que les gens prennent conscience qu’en faisant ainsi
ils s’amoindrissent..
Nous somme forts, vrais, authentiques…. Pourquoi les gens pensent-ils
que nous sommes dans l’erreur et que nous devons faire comme les français (pour bien PERLER)
J’ai 75 ans et toute ma vie( je suis de la Mauricie) nous avons utilisé le féminin pour des mots que les Français viennent de commencer à utiliser,
mais dont ils en changent le Genre parce que c’est eux qui en décident ainsi.
Je vous fais part, car j’aime votre site, votre audace dans vos propros, votre précision et honnêteté et j’espère qu’un jour vous ferez un article sur ce sujet afin d’éveiller notre bon PEUPLE au fait qu’il peut et doit être fier de sa langue et de ne pas imiter les Français qui sont entrain de devenir autre.
Merci et longue vie à votre site.
Je ne suis pas certain que les Québécois aient été les premiers à introduire les anglicismes job et gang dans leur vocabulaire français. Dans tous les pays francophones que je connais, aussi bien en Europe qu’en Afrique, ces mots sont utilisés couramment et depuis longtemps toujours au masculin. Le Québécois fait aussi des emprunts aux Français en commettant des erreurs. Par exemple, « il s’est mis sur son trente-six » doit se dire en réalité trente et un… » se mettre sur son trentin » de la ville italienne de Trente ou de cette étoffe précieuse, le trentain…. on ne sait trop… http://www.artissage-valdeloire.fr/se-mettre-sur-son-trente-et-un/
Merci de continuer à me lire !
Être sur son trente-six (version Québec)
Les références que j’ai trouvé parlent soit d’un jeu de mot : quatre fois neuf (donc très très neuf au sens de « nouveau ») font trente-six. D’où l’expression qui correspond donc a mettre ses très beaux habits (et donc neufs!).
Une autre explication (qui me plaît aussi 😉 porte sur la taille du tissu dans lequel on faisait de nouveaux habits puisque c’était, le plus souvent, des tissus de 36 pouces de large.
J’ai trouvé sur ce site…
http://bligneri.blogspot.ca/2012/10/sur-son-trente-six-ou-sur-son-trente-et.html
merci pour votre réponse, nous sommes très créatifs et ce depuis fort longtemps
Merci M. Duberger⦠beau texte!
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[…] esquimaux (que la rectitude politique appelle maintenant inuits) d’Iqaluit ont été ravis et fort impressionnés devant le courage et l’audace de […]