MA RÉFORME DE L’ÉDUCATION

Publié: 15 août 2016 dans Uncategorized

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1- L’enseignant

J’ai été professeur ingénieur à l’université pendant 33 ans. Au fil de ma carrière, j’ai assisté impuissant,  à la transformation de notre système d’éducation en même temps qu’à l’évolution d’une société qu’on prétendait vouloir sortir d’une « grande noirceur ». Avec cette première chronique sur les enseignants, je tenterai de dresser des constats et proposerai des pistes de solutions. Ma réflexion n’est peut-être pas juste, mais elle est celle d’un professeur à la retraite, qui a vu défiler dans sa classe, quelques générations d’élèves ingénieurs et qui va encore dans les écoles, parler de science et de technologie, aux jeunes qui veulent bien l’écouter.

Dans les années 1960, j’étais étudiant à la faculté des sciences et génie à l’Université Laval. J’y ai obtenu mon diplôme de baccalauréat en génie géologique en 1967. Comme aujourd’hui, il y avait alors un haut taux d’attrition. Ceux qui échouaient les implacables et redoutables épreuves des maths et des sciences, se retrouvaient souvent à la faculté des Sciences de l’éducation, qu’on appelait alors la faculté de Pédagogie. Cela est devenu tellement courant, que nous, les fiers étudiants en sciences et génie, appelions cavalièrement cette faculté, la « poubelle des sciences! ».

La situation n’a guère évolué. Ce sont souvent encore les moins bons élèves qui se dirigent vers l’enseignement. En France, on ne parle plus d’instituteurs ou d’enseignants, mais de professeurs des écoles : un verbatim qui tend a redonner ses lettres de noblesses à l’un des plus beaux métiers du monde, mais aussi l’un des plus difficiles.

Les facultés de sciences de l’éducation doivent filtrer davantage à l’entrée. On ne doit pas se contenter du dossier scolaire du cegep, il faut recevoir les candidats en entrevue et tester leur capacité à communiquer, évaluer leur potentiel, voir s’ils ont vraiment la vocation, car l’enseignement en est une. On peut se demander aussi si le passage par une faculté des sciences de l’éducation est obligatoire pour enseigner par exemple la physique. Un jeune titulaire de baccalauréat en physique, bon communicateur et passionné, est probablement meilleur professeur que le titulaire d’un baccalauréat en enseignement des sciences qui attend fébrilement la retraite.

Qu’offre-t-on aux enseignants comme plans de carrière? Il devrait y avoir, comme pour les professeurs d’université, des titres (assistant, régulier, agrégé et titulaire) , avec une échelle salariale assortie. Pour passer d’une catégorie à la suivante, l’enseignant sera soumis à une démarche d’évaluation crédible. Il devra, à l’appui de sa demande de promotion à la catégorie titulaire, présenter un dossier à un comité d’évaluation qui comprendra au moins un enseignant réputé, qui ne le connaît pas et qui provient de l’extérieur de son école, ceci afin de s’assurer qu’il ne sera pas pistonné par un collègue ou supérieur trop sympathique. Les critères d’évaluation seront clairement définis et feront partie de la convention collective. L’évaluation prendra en compte les avis des élèves, des pairs et de la direction.

Un ordre professionnel des enseignants est nécessaire. L’éducation est plus importante qu’un pont ou un barrage. Le public doit être protégé contre les mauvais enseignants comme contre les mauvais médecins ou ingénieurs. Parallèlement à cet ordre professionnel, des associations d’enseignants doivent être mises sur pieds afin que ces professeurs partagent régulièrement leurs expériences, leurs intérêts, leurs préoccupations et leurs espoirs. Cela devrait aider à secouer la torpeur pédagogique dans laquelle les a plongés progressivement le Ministère de l’éducation, des loisirs (sic) et des sports (resic) – MELS- en leur imposant des programmes et des méthodes pédagogiques rigides et uniformes.

Il faut revaloriser le métier d’enseignant. Cela commence par un filtre rigoureux à l’entrée des facultés. Il faut offrir aux enseignants un plan de carrière accompagné d’un processus d’évaluation sérieux et crédible qui devra se refléter par une échelle salariale comparable à celle de professionnels comme les ingénieurs ou les comptables. Le MELS doit offrir davantage de latitude aux enseignants afin de les laisser eux-mêmes développer et ensuite partager leurs propres outils pédagogiques. L’enseignant deviendra alors un professionnel autonome et reconnu comme tel, et non pas l’exécuteur servile des directives des fonctionnaires du MELS.

commentaires
  1. Alain Girard dit :

    Entièrement d’accord avec vous. Malheureusement, les syndicats ne laisseront jamais passer le concept de performance et de qualité avant leurs intérêts…

  2. danielle1711 dit :

    Bonjour Monsieur DuBerger, je reconnais bien l’attachement à votre profession et l’engagement social qui était le vôtre déjà il y a quelque vingt ans, alors que j’avais le privilège de travailler, avec vous, à la promotion de la profession dans les écoles.
    Triste de voir aujourd’hui un ordre pantelant, qui ne prend pas ses responsabilités.
    Mais tout n’est pas noir : mon petit-fils fait ses études d’ingénieur (en Europe).
    Meilleures salutations.

    • Reynald Du Berger dit :

      Bonjour Danielle,
      J’ai toujours la flamme et continue d’aller tenter d’allumer des jeunes dans les écoles. Je tente aussi d’embrigader des confrères dans la mission de promotion de notre profession, même si le climat actuel à notre Ordre n’est pas le meilleur. Votre petit fils a choisi la plus belle profession du monde (avec celle d’enseignant) , et aussi une des plus exigeantes, et il a la chance d’avoir la grand-maman idéale pour l’encourager. Salutations cordiales.

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