ABOLITION DU CEGEP GÉNÉRAL

Publié: 10 mai 2013 dans Uncategorized

cegepJ’aime bien alimenter parfois ce blogue à partir de réactions d’auditeurs à ma chronique hebdomadaire à CHOI radio-X. Le 9 avril dernier, Réjean Breton et moi étions invités à commenter la situation des cegeps en 2013. Un professeur de cegep en sciences, que j’appellerai Fred, qui se dit auditeur irrégulier de ma chronique, vient de me signifier son désaccord avec mes propos. Voici donc l’essentiel de ma réponse.

La discussion que Réjean Breton et moi avons eue en ondes fut très brève compte tenu de la complexité et de l’importance du sujet. J’ai assisté à la naissance de ces cegeps et y ai même donné des cours à Chicoutimi en 1967-68. J’ai été témoin de la première « grève » et sit-in des étudiants cette année-là. Le cegep partageait alors les locaux du Séminaire et on a même trouvé des étudiants endormis dans des nappes d’autel qu’ils avaient prises dans la chapelle en guise de draps pour tapisser leurs sacs de couchage, au grand dam des quelques prêtres qui restaient encore à cette époque. J’enseignais en même temps la géologie à l’École de génie de Chicoutimi, – nous donnions les 3 premières années du cours de 5 ans de Polytechnique- qui devait devenir 2 ans plus tard le noyau de l’Université du Québec à Chicoutimi. J’ai été témoin aussi de l’évolution du système d’éducation québécois depuis 1967. J’ai assisté, avec les générations d’élèves qui ont passé dans ma classe, à la lente dégradation de ce système. Le bilan est négatif. Les étudiants nous arrivent à l’université avec des lacunes graves particulièrement en français, en culture générale et en sciences. On doit réparer les dégâts, tenter de colmater les trous aussi nombreux que béants.  Quand j’enseignais la géophysique, je découvrais avec stupéfaction que certaines notions de physique pourtant fondamentales, comme la propagation des ondes élastiques et  l’électromagnétisme n’avaient jamais été assimilées.  Quelle part de responsabilité revient aux cegeps ? je ne saurais l’évaluer.

Il n’est pas prouvé que le système des cegeps soit un modèle. S’il l’était, on l’aurait depuis longtemps importé  ailleurs au Canada et dans le monde. On devrait donc rajouter une 13ième année au secondaire pour ceux qui veulent aller à l’université, tout comme ça se fait partout ailleurs. Nos programmes seraient alors beaucoup plus faciles à arrimer à ceux des autres provinces, surtout pour ceux régis par des ordres professionnels.  Le cheminement d’enseignement général devrait donc être aboli. On ne conserve que l’enseignement technique, qui répond à un réel – et parfois cruel- besoin. On redistribue les enseignants du secteur général ainsi libérés, entre le secondaire et l’université, selon leur potentiel pour une carrière de professeur- chercheur. C’est ce qu’on a fait quand les trois institutions préalables à l’UQAC (École de génie, École de commerce et Centre de formation des maîtres) se sont fusionnées pour former l’UQAC. Certains profs ont été directement intégrés à la nouvelle université, les autres se sont retrouvés au cegep. Vous imaginez ça , transposé aux cegeps en 2013,  avec le syndicalisme québécois omnipotent? Bonne chance!

J’ai dit en ondes , – et mon ami Réjean Breton est d’accord- que les enseignants de cegeps sont les plus gras durs de tous les enseignants du système d’éducation québécois, du primaire à l’université. Ils ont de bons salaires, une sécurité d’emploi inébranlable, de belles et longues vacances, une convention collective en béton et surtout, ils n’ont pas ce « publish or perish » qui stimule mais aussi stresse les professeurs d’université. Ils n’ont aucune obligation de recherche, même si certains d’entre eux, extrêmement rares,  en font. Ils sont les maîtres de leurs examens, donc de l’évaluation de leurs élèves- pas d’examens officiels du Ministère des sports et loisirs, épée de Damoclès permanente pour l’enseignant des niveaux inférieurs-

Qu’y a-t-il de plus peinard qu’un prof de philo ou de français de cegep , qui attend paisiblement la retraite en débitant année après année toujours la même ritournelle philosophique ou littéraire?

Les enseignants des cegeps sont-ils évalués périodiquement et si oui, quelle est la valeur de cette évaluation? Qui la fait? le directeur du département (souvent copain du prof évalué) ? un comité? le syndicat y fourre-t-il son nez? y a t-il des évaluateurs externes indépendants qui ne connaissent pas le prof, mais se basent uniquement sur le dossier soumis, comme ce fut le cas quand je devins professeur titulaire?  Quelle est la teneur des dossiers d’évaluation soumis par les professeurs? Les professeurs de cegep ont-ils un profil de carrière, y a -t-il des catégories (assistant, régulier. agrégé et titulaire) comme à l’université? Cette évaluation, si elle existe et si elle est sérieuse, est-elle assortie de sanctions et de promotions?

Après 33 ans de carrière, je ne vois toujours aucun avantage à ce cegep général par rapport au système d’éducation des autres provinces.

Fred, je ne doute pas de votre zèle et du bien que vous procurez à vos élèves, qui doivent vous apprécier. Vous trouverez probablement mon jugement sévère mais c’est le système qu’il faut démembrer, et ré-affecter ses ressources entre le secondaire et l’université: une utopie dans ce Québec de 2013 syndicalisé à l’os.

Au moins 1 étudiant sur 3 à l’université, ne devrait pas y être. Est-ce surtout la faute des cegeps?

Je vous invite à réfléchir là-dessus , peut-être en discuter en ondes avec Réjean Breton et moi… pourquoi pas?

Reynald

p.s. je suis toujours disponible pour des conférences et il est étonnant que les professeurs des sciences humaines soient plus ouverts sur le climato-scepticisme que ceux des sciences dures.

commentaires
  1. jipebe29 dit :

    En France, il y a une « loi » quasi-soviétique de 80% de réussite au bac+des programmes sans cesse remaniés et complexifiés (les élèves font en Terminale ce que nous faisions en Math sup voire, pour la chimie, en école d’ingénieur). Conséquences: pas le temps de tout intégrer, des lacunes graves, une notation plus que large au bac pour arriver à satisfaire l’objectif. Les meilleurs vont en Math Sup, les autre en fac, et les profs de fac s’arrachent les cheveux car les étudiants n’ont pas, en grande majorité, le niveau requis.

  2. Reynald Du Berger dit :

    Commentaire reçu par courriel d’un collègue et ami de l’UQAC, professeur de littérature française :

    Sévère, mais juste, me semble-t-il. Cependant, il faudrait aussi déterminer en quoi le CEGEP est vraiment différent des autres niveaux d’enseignement qui souffrent tous: 1) de la désaffection et de la dévalorisation universelles de la culture générale, 2) du mépris, tout aussi universel, pour le fondamental, c’est-à-dire ce qui, n’ayant pas d’applications pratiques immédiates est susceptible…d’en avoir à moyen et long terme, et surtout permet d’ouvrir les horizons à partir desquels toute innovation est possible. Sans «pelleteux de nuages», l’humanité n’aurait jamais inventé…le parapluie!
    On se prend à rêver quand on sait que Gustave Eiffel, comme tous les ingénieurs de son temps, avait fait Latin et Grec….
    Amicalement.

    J-P

    • Amy Lebleu dit :

      J’aurai aimé avoir cette éducation dont vous parlez!

      J’ai fait mon Cégep en soins infirmiers et un bacc en enseignement et c’était toujours la même rengaine sur les cours de philosophie ou de français: « À quoi ça sert?». Une fille au bacc en enseignement en adaptation scolaire a même dit en entrevue à la radio de Radio Canada : « pourquoi devrais-je savoir parlé un français standard (international) si j’enseigne a des élèves en déficience profonde, par exemple?»

      À cela, j’avais répondu que nous ne sommes pas des enseignants que pour nos élèves. Nous sommes des universitaire en qui la société investie le fruit de son labeur pour avoir la meilleure éducation possible et se permettre d’améliorer son sort, notre sort à tous. Pour cela, il faut savoir s’exprimer et le savoir pour vrai, pas seulement en étudiant rapidement la veille d’un examen!

      Nous représentons l’éducation et toute son utilité pour notre évolution et notre survie. Pourquoi ne pas croire en nous et se mettre au travail au lieu de fuir dans notre paresse et dans notre folie d’être utile à tout prix sans comprendre la portée de nos gestes.

      J’aurai tant aimé avoir baigné dans une école avec plus de culture!

      Amyle Bleu

  3. Martin dit :

    Les Cégeps AKA Centres d’Endoctrinement Gauchistes Écologiste Prolétariens sont des limbes qui isolent les jeunes québécois du reste du Continent et nous coûtent une fortunre pour rien.

    Abolissons-les au plus vite pour créer de vrais collèges techniques de 2 ans et ajoutons une année de plus au Secondaire (en y incluant des cours de philo) et une de plus à l’Université.

    Concernant Fred le têtu, ce dernier était contre l’abolition de la Formule Rand et ridiculisait tous ceux qui en parlait. C’est drôle, il est très silencieux depuis la sortie du dernier livre de Éric Duhaime…

    Il devrait plutôt avoir le courage de dire qu’il a juste peur de perdre sa job de syndiqué. Pourtant je suis sûr qu’il se trouverait un poste d’enseignant de Philo au Secondaire 6. Vu qu’il a une maîtrise, il gagnerait un salaire plus élevé en plus…

  4. pierre chagnon dit :

    Le Fred en question serait probablement Fred Têtu, il a une idée bien ferme sur les Cegeps, mais il n’a que le sien en tant que comparaison, je suis d’accord avec M. DuBerger que la plupart des cegeps sont des regroupement de traineux de pied qui font culture et profession de durer le plus longtemps possible en parasite dans les campus,

    • Reynald Du Berger dit :

      Non le prof qui m’a envoyé son cemmentaire n’est pas Fred Têtu. C’est un prof de sciences que je désire garder anonyme. Je connais bien Fred Têtu, il est prof de philo et est celui au cegep Garneau qui m’a déjà invité deux fois déjà à parler de mon climato-scepticisme à ses élèves , dans une démarche pédagogique visant à développer l’argumentaire.

  5. David Gendron dit :

    Comment se fait-il alors que les meilleurs enseignants se retrouvent au cégep?

  6. Bonjour, pour avoir passé au Cégep pré-universitaire en sciences humaines, je conviens que c’est vraiment un passage inutile ; je parle de la plupart des cours et du processus, malgré qu’il y a certains cours intéressants. A mon avis, on devrait supprimer les programmes pré universitaires collégiales, mais je garderais les programmes techniques et AEC au niveau collégial. Toutefois, on doit supprimer les programmes pré-universitaires.

    J’ajouterais une 6e année au secondaire et l’élève qui ne fera pas un diplôme collégial ou professionnel pourra directement s’inscrire à l’Université après sa 6e année.

    La 6e année pourrait servir à enseigner certains cours offert au cégep pré-universitaire, car une bonne culture générale est tout de même important : histoire, économique, informatique, psychologie.

    En en mon sens, on doit absolument élargir au secondaire les cours d’histoire du Canada ; comprendre notre histoire, aide à nous donner et maintenir notre identité. J’ai toujours cru que pour enseigner l’Histoire ou ce genre de matières, il faut un professeur intéressant car à la base, un jeune n’aime pas ce type de cours. Il faut lui donner le goût d’en savoir plus et d’aimer le tout ! Mais le problème, surtout au secondaire, est le manque de passion, de motivation et le style routinier de certains professeurs. Il faudrait donc évaluer les professeurs … mais c’est un autre débat !

    On devrait aussi ajouter plus d’heures de cours d’anglais, en améliorant son enseignement et son contenu car selon mon expérience au secondaire, c’était encore une fois enseigné de facon médiocre et sans passion.

    J’ai souvent réfléchi sur la manière au secondaire d’aider les jeunes dans leurs choix de carrière. Je juge que c’est un domaine important trop souvent vite complété et sans intérêt. J’ajouterais un cour (lors de la 6e secondaire) « projets de carrière », qui préconise la découverte des secteurs intéressants pour l’élève, avec des visites d’entreprises ou d’un milieu de travail, accompagné d’un rapport (travail long) expliquant la route pour s’y rendre, les avantages et les inconvénients, les besoins, les compétences etc.

    Il s’agit donc d’aider l’élève dans son choix de carrière afin d’éviter le décrochement scolaire, à accentuer la motivation, à enrayer les changements de programmes répétitifs entraînant des frais supplémentaires et souvent inutiles dans la futur, l’indécision, la perte de temps (combiné au retardement pour aller sur le marché du travail, donc perte d’argent) et l’incertitude.

    On devrait aussi ajouter une activité sportive obligatoire dans le cadre de l’année scolaire. Ce cours ne sera pas intégré dans l’horaire normal de cour mais plutôt sur l’heure du midi. La présence à cette activité sera obligatoire pour réussir l’année en cours.

    Cette activité pourrait être hebdomadaire (un midi par semaine, pendant 1 heure).

    L’élève pourra choisir parmi un certain nombre d’activités

    Il s’agit donc de motiver l’élève à faire de l’exercice, à le remettre en forme, ce qui entraînera aussi une meilleure confiance en soi et une motivation pour aller à aller à l’école.

    Il y a un problème tout de même, il faudra faire accepter à certains profeseurs du Cégep l’idée d’enseigner au secondaire. Mais quand on veut, on peut !

    Ca prendra un gouvernement fort avec une vision pour le bien être des élèves. J’ai perdu mon temps au Cegep général, mais j’admets que lorsque j’ai ensuite fait une technique, c’était motivant et intéressant.

    Le problème aussi est lorsque nous terminons, actuellement, le secondaire, nous avons 16 ans. Nous manquons de maturité. Une année de plus au secondaire pour ensuite soit aller à l’Université, soit au Cegep dans une technique, pourrait donc faire une différence importante pour le jeune.

  7. ms dit :

    Bonjour,
    Je trouve que les CEGEPS est une perte de temps totale.
    D’apres moi , c’est un bassin de main d’oeuvre disponible et pas cher afin de retarder les jeunes quant a leurs rentrée à l’université.
    Sans compter l’armada de fonctionnaires pour rien.Tentez d’obtenir un renseignement au téléphone et vous allez vous en rendre compte.
    Conclusion, perte d’argent aux contribuables et perte de temps aux jeunes.
    Merci.

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