C’était dans les années 1970. On m’avait confié la responsabilité d’un levé gravimétrique près de Gaspé. On mesurait alors la gravité avec un gravimètre (appareil pouvant mesurer à l’époque, la pesanteur avec une précision d’un cent millionnième de g) afin d’identifier des structures potentiellement favorables à la capture du pétrole dans l’anticlinal de Gaspé. C’était alors un joint venture entre deux pétrolières, Laduboro et Soquip. Les lourds et sophistiqués camions de vibroseis ont suivi ces levés préliminaires quelques décennies plus tard. Pétrolia s’affaire en Gaspésie depuis 2005. Les campagnes de prospection sismique ont déjà repéré des pièges prometteurs. On en est au stade des forages d’exploration combinés aux diagraphies géophysiques.
Pétrolia est né en 2003 à Rimouski, des efforts et de la détermination d’un de ses résidents, André Proulx. En 2005, la compagnie entrait en bourse. C’est une petite « junior » qui compte une quinzaine de professionnels mais des professionnels de haut calibre (plusieurs de ses géologues et géophysiciens détiennent un PhD).
Tout allait bien pour Pétrolia au site de son forage Haldimand 4 près de Gaspé, jusqu’à ce que les verts s’en mêlent. Une poignée d’écologistes intégristes a réussi à convaincre les populations locales et leurs élus du danger potentiel de ces opérations d’exploration sur l’environnement. On craint pour l’eau potable de Gaspé. Ces techniques d’exploration sont pourtant éprouvées depuis longtemps, on fait du forage horizontal mais pas de fracturation hydraulique et on n’utilise aucun produit chimique. Les opérations d’exploration de Haldimand 4 sont à plus de 350m de l’habitation la plus proche (la norme impose un minimum de 100m) . De guerre lasse, Pétrolia s’est retiré (temporairement) pour concentrer ses opérations sur le projet Bourque – à mi-chemin entre Murdochville et Grande Vallée – et sur l’Ile d’Anticosti. Le Ministre des ressources naturelles Martine Ouellet, dont la mission consiste pourtant à créer de la richesse collective, se réjouit de ce retrait et elle accorde presque en même temps le feu « vert » à un projet gigantesque de parc à vire-vents dont les Québécois n’ont pas besoin et pour lequel Hydro-Québec devra rançonner ses abonnés pendant des années.
Les Gaspésiens invoquent le principe de précaution en environnement , selon lequel on ne doit pas entreprendre une opération à moins qu’on puisse s’assurer qu’elle ne comporte aucun risque environnemental. Les Français l’ont même inscrit dans leur constitution et on le considère chez nos cousins, aussi sacré et donc vénérable que ceux d’Archimède ou de Newton. On doit prendre des précautions en regardant à gauche et à droite avant de traverser la rue. Mais une voiture surgissant soudainement d’un endroit caché peut nous renverser. Tout projet minier ou pétrolier comporte des risques environnementaux si minimes soient-ils, et y appliquer bêtement et systématiquement ce principe, équivaut à l’abandon immédiat du projet.
Il est beaucoup plus raisonnable d’adopter une stratégie basée sur l’évaluation du risque. Par exemple, on ne pourra jamais être assuré à 100% qu’une centrale nucléaire projetée n’aura pas de conséquences néfastes sur l’environnement à cause d’éventuels tremblements de terre. On procédera alors à une évaluation quantitative du risque sismique en rapport avec cette centrale. On constituera une banque de données sismologiques considérable, on analysera les structures géologiques locales comme les failles, on estimera leur potentiel sismogénique, on tentera enfin de déterminer la probabilité de dépassement d’une accélération donnée (exprimée en % de g) à laquelle la centrale sera soumise durant sa vie utile. Voilà une approche probabiliste beaucoup plus censée et raisonnable que celle déterministe découlant de l’application bête du principe de précaution. Cela dit, je crois que les opérations de forage de Pétrolia près de Gaspé, ne menacent pas la nappe phréatique et on a donc tort de cracher sur cette manne noire dans une région où les temps sont durs et où les emplois sont surtout saisonniers.
Pétrolia dit se retirer temporairement de Haldimand 4, le temps de laisser refroidir les esprits. Combien de temps faudra-t-il pour exorciser les Gaspésiens? Pour que la raison l’emporte enfin sur l’émotion? Se serait-on trompé de démon? Car pour le moment, on psalmodie « Vade retro Petrolia! »
Intéressant ! Merci de votre écrit. Mes amitiés, François de S.
On a le gouvernement qu’on mérite, voila tout…
Lors de son dernier mandat présidentiel, Jacques Chirac n’a rien fait, sauf deux carabistouilles :
– l’insertion du principe de précaution dans notre constitution (ce qui est idiot)
– initier le lancement du GIEC de la biodiversité (IPBES), encore un « machin » aussi inutile qu’onéreux…
Mais nos élus ne respectent pas la constitution en ce qui concerne les ondes des antennes de téléphonie mobile. On n’en connaît pas bien les risques mais il est probable qu’ils sont significatifs sur de longues durées. Plusieurs personnes travaillant sur les tests des portables ont eu un cancer du cerveau
Les antennes des opérateurs rayonnent un champ électromagnétique de plus de 20 V/m, alors que des expérimentations montrent que 0,6V/m suffisent, sous réserve d’augmenter sensiblement le nombre d’antennes. Il semble donc logique de limiter les risques sanitaires en imposant 0,6 V/m. Santé publique ou bénéfices pharaoniques des opérateurs?
Nos élus se contrefichent de la santé publique et choisissent de ne rien changer. Edifiant, non?
publé 2012-09-13
publié 2012-05-17
publié 2012-11-26
J’aimerais être un petit oiseau pour voir ce qui s’est passé dans ce dossier.
Tel une cellule cancereuse rouge dans un arbre, rien de tel qu’un peu d’art visuel dans un vire vent, soufflé d’une mélodie électronique!
Monsieur Duberger faite partie de la révolution!
évènement éco-responsable!