Je rentre de Turquie où j’ai eu des échos de la « grève » étudiante québécoise grâce à TV5. Mes compagnons de voyage, tous français, me disaient « ça bouge chez-toi… vous préparez un mai ’68? » Quoi répondre, quand ma passion pour l’histoire et l’archéologie m’a fait rater un pan important de cette saga, de ce bras de fer entre des étudiants rebelles et un gouvernement obstiné qui ne veut pas céder… mais qui montre des signes de faiblesse? J’ai repris le fil une fois rentré et le scénario actuel m’en rappelle un autre que j’ai vécu dans les années 1970 quand j’étais professeur à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).
Une grève des employés de soutien de l’UQAC paralysait alors depuis plus d’un mois et demi les activités de notre institution. L’université était donc fermée et aucun cours ni activité de recherche ne s’y déroulait. La session académique des étudiants était menacée à un point tel, que certains de mes élèves m’ont adressé des requêtes afin que j’aille au moins sur le terrain avec eux pour encadrer leur travaux de projets, dont les rapports étaient dus pour la fin de la session. J’ai agréé à leurs demandes, motivé davantage par l’intérêt de mes élèves que par le respect de consignes syndicales. Il se produisit alors un incident qui permit aux autorités de l’UQAC d’obtenir une injonction de la cour supérieure laquelle ordonnait aux personnes non concernées par la grève de se présenter au travail. Le syndicat des professeurs réunit alors ses membres dans un endroit neutre, le sous-sol d’un hôtel local, afin de prendre un vote sur le respect de cette injonction par les professeurs. Pour moi, la question ne se posait même pas, puisqu’il s’agissait d’un ordre de la cour, autrement dit, de la loi. Le vote fut aussi serré que celui du référendum de 1995, contre le respect de l’injonction. Je rentrai chez-moi la mort dans l’âme. Le soir même, je téléphonai à mes élèves pour leur annoncer qu’ils avaient cours le lendemain matin à 8h. Le lendemain, je franchis la porte de l’UQAC après avoir traversé une haie de déshonneur sous les cris de « vendu! …, traître! » . Une demi-heure plus tard, deux officiers du syndicat des professeurs venaient me menacer dans ma classe devant mes élèves : « On a noté ton nom! ». Le jour même, je rédigeai une lettre au syndicat avec copie au recteur, faisant état de ma démission comme membre de ce syndicat, tant et aussi longtemps qu’on n’aurait pas un code d’éthique qui nous empêche de tenir nos étudiants en otages. Il a fallu deux ans pour obtenir enfin ce code d’éthique. Certains techniciens et secrétaires m’ont montré du doigt et fait la gueule pendant plus de deux ans… parce que j’avais obéi à la loi et que j’avais placé l’intérêt de mes élèves au-dessus de leurs « valeurs » syndicales appelées « solidarité ».
Dans le présent conflit, des étudiants déplorent sa « judiciarisation ». On obéit à la loi seulement quand elle fait notre affaire. L’illégalité se transforme alors avec force mauvaise foi, en « légitimité ». Un porte-parole de ces étudiants, à qui les médias ont prêté une tribune démesurée, appelle ses confrères à la sédition par des propos comme « Nous avons planté ce printemps, les graines d’une révolte qui ne germera peut-être que dans plusieurs années. On a raison de bloquer l’entrée à nos cegeps, de bloquer l’entrée à nos universités , on a raison de ne pas se laisser impressionner par les injonctions d’un p’tit con qui a perdu son débat en assemblée générale , qui a des parents assez riches pour se payer un avocat ». C’est un appel très clair à la révolte, à la désobéissance aux lois. Cela déborde copieusement de la simple manifestation contre une hausse de droits de scolarité. Que font les autorités des institutions d’enseignement? Certaines demandent et obtiennent des injonctions. Mais selon le courage de ces autorités, on les fait respecter en faisant intervenir la police ou on se laisse marcher dessus par des étudiants fiers à bras. Je salue en passant le courage de l’ex-recteur de l’UQAC qui a fait respecter l’injonction qu’il a obtenue de la cour afin que ses étudiants puissent avoir accès à l’enseignement auquel ils ont droit. Il a aussi exigé des professeurs et chargés de cours le dépôt de plans de rattrapage pour les cours non dispensés. Mais ça ne s’est pas passé partout comme ça.
Croyez-vous sincèrement que le gouvernement québécois exigera la retenue du salaire des professeurs qui ont sciemment refusé de donner leurs cours quand ils le pouvaient? Croyez-vous que ce gouvernement refusera de « négocier » avec des jeunes qui ont défié la loi et encouragé leurs pairs à les imiter? Les autorités gouvernementales québécoises ont déjà signé, rappelez-vous, des engagements avec des bandits masqués armés de AK-47 qui avaient assassiné un policier. Les étudiants rebelles sont des enfants gâtés et braillards qui testent sans cesse les limites de tolérance de leurs parents. Et ces limites ont été dépassées sans que personne n’en ait été encore incommodé.
Nous ne sommes malheureusement pas aux USA et encore moins gouvernés par un Ronald Reagan, qui avait menacé ainsi ses contrôleurs aériens :« si vous n’êtes pas au travail lundi matin, vous serez tous congédiés! ». Ils ne l’ont pas pris au sérieux… ils auraient dû!….
[…] Les étudiants, les profs et la loi « Le blogue de Reynald Du Berger. Imprimere-mailPartagerFacebookRedditDiggStumbleUponDiaspora […]
D’accord avec toi sur ta position par rapport à ce conflit qui prend des proportions exagérées. Jean Charest s’est laissé attendrir un instant, mais j’espère qu’il ne va pas accepter de se faire donner la leçon par une petite Desjardins qui s’enfle la tête et se prend pour une autre, J,espère aussi qu’ils ne fléchiront pas plus qu’ils ne l’ont fait à date. Combien de ces 186.000 grévistes iront au bout de leurs études? Le Gouvernement offre d’étendre les frais de scolarité de 5 à 7 ans, ce qui me semble bien correct. c’est sûr qu’il doit indexer les deux dernières années à part puisque le calcul de cinq premières années était compris dans le 1625.$. Ils ne sont même pas foutu de regarder ce qu’ils ont a débourser de moins par année… Et Mme Marois qui se mêle de jouer à la mère. Elle dit que Jean Charest se fait du capital politique avec ça, mais je crois que le Plan Nord est plus son cheval de bataille que ce conflit dont il aurait pu se passer. Elle réclame à cor et à cris des élections. Qui cherche à se faire du capital politique??? Mon opinion personnelle est qu’advenant des élections, les votes seraient tellement divisés entre les autres parties, CAQ, Solidaire, Conservateur et ceux que j’oublie que Jean Charest rentrerait encore, peut être minoritaire, mais il rentrerait quand même… Mme Marois vous êtes ridicule. C’était mon opinion.
La crise étudiante se veut une autre occurence qui contribue à faire vasciller le rapport de force politique vers la gauche. La rigueur de la droite parviendra-t-elle jamais à toucher cette gauche délinquante qui se referme comme une huître dès qu’on jette un grain de sable dans la coquille de ses raisonnements (lesquels sont rarement des perles d’ailleurs)? La relève qui pullule est devenue aussi écorchée dans son oppulence que mièvre dans ses revendications et j’ai bien peur que seule la gauche érudite et ancestrale, enterrée par des siècles de développement et d’acquis sociaux, aurait le pouvoir de forcer sa transcendance. Bref, elle aurait besoin d’un bon coup de pied au cul de la part des pères des révolutions anciennes, qui doivent se retourner dans leurs tombes de voir ces petits despotes usurper leurs idéaux. Voici deux citations d’un des grands précurseurs de l’égalité, lesquelles auraient tôt fait de trancher à la racine la légitimité de ces gauchistes balbutiant modernes qui s’apparentent aujourd’hui autant aux capitalistes qu’ils dénoncent que les cochons révolutionaires se confondent avec les humains dans le roman d’Orwell, bien plus occupés qu’ils sont à valoriser leur nombril qu’à rafiner par la critique constructive ce qui a mis des siècles à s’ébaucher.
-« Si, quand le peuple suffisamment informé délibère, les citoyens n’avaient aucune communication entre eux, du grand nombre de petites différences résulterait toujours la volonté générale, et la délibération serait toujours bonne. Mais quand il se fait des brigues, des associations partielles aux dépens de la grande, la volonté de chacune de ces associations devient générale par rapport à ses membres, et particulière par rapport à l’État: on peut dire alors qu’il n’y a plus autant de votants que d’hommes, mais seulement autant que d’associations. Les différences deviennent moins nombreuses et donnent un résultat moins général. Enfin quand une de ces associations est si grande qu’elle l’emporte sur toutes les autres, vous n’avez plus pour résultat une somme de petites différences, mais une différence unique; alors il n’y a plus de volonté générale, et l’avis qui l’emporte n’est qu’un avis particulier. Il importe donc, pour avoir bien l’énoncé de la volonté générale, qu’il n’y ait pas de société partielle dans l’État, et que chaque citoyen n’opine que d’après lui. »
-« Elles (les révolutions) ne sauraient même avoir lieu deux fois pour le même peuple: car il peut se rendre libre tant qu’il n’est que barbare, mais il ne le peut plus quand le ressort civil est usé.Alors les troubles peuvent le détruire sans que les révolutions puissent le rétablir; et, sitôt que ses fers sont brisés, il tombe épars et n’existe plus: il lui faut désormais un maître et non pas un libérateur. Peuples libres, souvenez-vous de cette maxime: «On peut acquérir la liberté, mais en ne la recouvre jamais.»
-Jean-Jacques Rousseau, « Du contrat social », 1762
Vivement les Breton, Elgrably et Du Berger s’unir pour mettre un peu d’ordre la dedans avant que la racaille ne fasse sombrer le navire (alors qu’elle navigue dessus)
[…] Les étudiants, les profs et la loi « Le blogue de Reynald Du Berger […]
alors la bravo j ai tellement de rage en moi quand je voie la tournure des évennement que cela prend une proportions disons le comme il se doit dans la crisse étudiant ce qui faux nous dire ses que une majorité d intellect soi art, philo, et autre ce sont eu qui qui attise le feux ses gent la son comme des teigne faux vraiment tout faire pour sant débarrasser j admait qui il ya plusieur lacune sur tout avec les recteur des prime inconcevable mais aujourd’hui ses naît pas juste politique ses une manière dans travée la loi et sa ses pas vraiment bon pour notre scocietée
M. Du Berger, je suis hautement déçue par votre commentaire. Premièrement, plusieurs contradictions et erreurs s’y trouvent. Une première lorsque vous faites mention de la grève des employés de soutien que vous avez vécu dans les années 70 où vous avez passé le piquet de grève. En effet, d’un coté vous faites l’éloge de la loi et de l’autre vous n’appliquez pas celles qui sont établies dans un syndicat dont vous êtes membre. Comme vous le dites « On obéit à la loi seulement quand elle fait notre affaire.L’illégalité se transforme alors avec force mauvaise foi, en “légitimité”. » Évidemment ceux qui sont descendus au sous-sol du savoir-vivre à votre égard ont eu tout autant tord que vous. Vous auriez dû respecter ce qui a été voté par votre syndicat (particulièrement avant l’injonction) et après le conflit faire votre combat pour instaurer le code d’éthique en question. Ainsi, vous auriez été cohérent.
Deuxièment, vous qui avez alors défendu le droit à l’accessibilité à votre cours pour ces étudiantes et étudiants, alors que ceux qui se battent présentement pour préserver cette même accessibilité en maintenant au plus bas les droits de scolarité vous les traitez « d’enfants gâtés et braillards qui testent sans cesse les limites de tolérance de leurs parents. » À mes oreilles, cette condescendance ne vaut pas mieux que celle que vous avez subit par les techniciens et secrétaires qui vous méprisaient de ne pas avoir obéit au droit de grève. Vous pouvez être en désaccord avec la gratuité, le gel des frais, mais servir la même médecine que l’on dénonce discrédite votre position.
Vous conviendrez avec moi que le système judicière est truffé de zones grises. Alors, si vous vous y soustrayez les yeux fermés, sans y appliquer votre jugement, dites-moi comment celui-ci pourra s’améliorer. Vous même avez participé à l’amélioration des normes de votre institution. Dans votre message, je ne vois aucune piste de solution, vous dénoncez haut et fort, mais qu’apportez-vous au débat sinon que d’enflammer des propos haineux comme Suzanne Rocheleau et Mario Anctil le font allègrement après l’avoir lu? Je ne vous tiens pas responsable de la bêtise, mais plutôt de ne pas reconnaître ce qui la fera naître.
Vous avez donné le coup de grâce en enviant les États-Unis où les poursuites judiciaires à outrance ont menées à des aberrations sans noms. Croyez-vous honnêtement que notre société en sortirait gagnante au bout du compte? Enviez-vous réellement le système d’éducation des États-Unis? Avez-vous si peu confiance dans le pouvoir de l’éducation (vous qui avez été enseignant) pour mettre tous vos oeufs dans le panier du système judiciaire? Le système judiciaire a ses limites comme tous les systèmes, ne pas en prendre compte est une grave erreur, la preuve est audible dans les rues de Montréal qui vibre au son des manifestations de casseroles depuis le dépôt de la loi 78. La loi est un outil pour une plus grande justice et non pas la vérité, d’autant plus qu’elle laisse souvent place à l’interprétation.
J’aurais encore plusieurs points à débattre, mais l’essentiel y est. Mon but n’est pas de réprimer, mais j’espère faire naître quelques réflexions chez vous et vos lecteurs, car vous l’aurez deviné, je suis enseignante.
PS: Quel était cet incident qui mena à l’injonction? Dans l’ère de la désinformation, je suis suspicieuse…:)
Bien à vous,
Madame mhm,
Je vous trouve tout à la fois posée et exaltée, sensée et incohérente. N’est-il pas pourtant clair que M. Du Berger n’aime pas beaucoup les grèves? Et que les lois d’un syndicat n’ont pas la même portée universelle que les lois gouvernementales?
Par contre, comme un syndicat a parfois des moyens de pression qui dépassent mon entendement, ils ont obtenu, dans certains cas, le pouvoir de paralyser de grands secteurs d’activité dans la société. C’est le cas entre autres lorsqu’il y a monopole gouvernemental dans un secteur, et que les employés y sont syndiqués. Des grèves d’infirmières à la grève des CPE, en passant par celle il y a quelques années de la SAQ, plusieurs exemples montrent que les gens insatisfaits de leurs conditions de travail, dans une société où celui-ci ne manque pourtant pas, préfèrent empêcher les autres de faire quelque chose que de remettre, par exemple, leur choix de carrière ou l’endroit où ils l’accomplissent en question. « Je me suis dégotté un boulot, et ces gens qui m’ont engagé me payeront tant pour que se fasse ce boulot, qu’ils le veuillent ou non! » semble être une ligne de conduite assez populaire.
Pour moi, comme pour M. Du Berger me semble-t-il, quelqu’un qui refuse de faire quelque chose et qui empêche par-dessus le marché les autres de fonctionner est un parasite, et ce n’est pas une question d’allégence politique, puisque je ne m’identifie pas à un mouvement politique particulier, chacun ayant selon moi ses bons et ses (nombreux) moins bons côtés, et que M. Du Berger (et une proportion non-négligeable de ses fidèles lecteurs) est très ouvertement de la droite anti-gauche.
Selon moi, il est possible, si besoin est, de faire chier son employeur en démissionnant pour aller ailleurs dans une période où la demande est beaucoup plus pressante que l’offre, ou alors en minant sa crédibilité d’employeur chez les autres employés. Mais entre ça et empêcher ceux qui veulent continuer à travailler de le faire, il y a une marge que je me refuserai toujours de franchir: je ne suis pas là pour obliger des gens à perdre (temporairement ou non) leur source de revenus.
J’ai un historique d’instabilité, quittant à l’aube de ce siècle le Québec qui ne me souriait guère, y revanant l’an dernier pour me rapprocher de ma famille, et l’ayant de nouveau quitté le mois dernier faute d’y trouver un milieu de travail stimulant et respectueux. Suis-je pour cela monté aux barricades? Diable non! Et pourquoi donc y aurais-je gaspillé mon temps et mon énergie alors qu’il y a tant de choses agréables que je veux faire dans cette courte période de l’éternité qui m’est allouée?
La position de professeur de M. Du Berger ne serait certes pas la mienne, je suis beaucoup trop instable pour m’y plier, mais je comprend et approuve parfaitement les décisions qu’il a prises, à la lumière de ce qu’il nous en a communiqué. Pourquoi empêcher des étudiants de fréquenter leurs cours, s’ils le veulent à tout prix, et si leur sécurité n’est pas en jeu lorsqu’ils le font? Et leur sécurité serait-elle en jeu, pourquoi ne pas se battre contre une injuste intimidation?
Et pour les «propos haineux», l’expression me semble ici hors de propos. M.Anctil maltraite si abondement notre langue que son message ne se décortique que lentement et avec attention, ce qui permet ultimement de découvrir un message sans grande valeur, très générique, pas du tout développé, et d’un mauvais goût indiscutable. Désire-t-il vraiment «enflammer» quoi que ce soit avec un semblable embrouillamini, pénible de lecture tant par le fond que par la forme?
Quant à Mme Rocheleau, elle ne fait qu’émettre son opinion que «la petite Desjardins» est une tête enflée et son désir qu’elle morde la poussière dans sa tentative de faire plier l’échine du gouvernement… J’ai déjà entendu pire. Et en toute sincérité, je suis absolument certain que vous aussi vous en avez entendu des plus vertes et des moins mûres, et que ça ne vous a pas toujours empêchée de continuer gaiement une conversation dans laquelle s’était glissée une de ces opinions un peu raides.
Bonjour Filou,
Je suis d’accord avec vous sur plusieurs points, d’autres moins, c’est la beauté de la diversité d’opinion.
Ceci dit, je suis très agréablement surprise de la qualité des réponses que mon commentaire à suscité. Cela renforce mon idée que l’on récolte ce que l’on sème (à quelques exceptions près!) et c’est ce que j’ai insinué lorsque j’ai reproché à M.Du Berger d’enflammer des propos haineux. En évitant que son blogue ne tombe dans l’absurdité des attaques personnelles, il apporterait plus au débat, instruirait les moins informés et continuerait de faire valoir ses points de vue.
mhm
Puis-je à mon tour répondre à madame mhm et en même temps lui poser quelques questions?j’ai reproché à M.Du Berger d’enflammer des propos haineux OÙ voyez-vous la haine dans le fait que je dénonce un syndicat qui a voulu faire de moi un criminel en me forçant à désobéir à un ordre de la Cour supérieure, donc à la loi? l’absurdité des attaques personnelles Qui ais-je attaqué personnellement dans ce billet? J’ai accusé souvent au fil de mes quelque 100 billets, des groupes ou des collectivités, mais dans ce cas particulier, j’ai pris soin de ne pas nommer les deux syndicaleux qui sont venus me menacer jusque dans ma classe et devant mes élèves.
Cela dit, je suis toujours impressionné par la qualité des commentaires que mes billets suscitent et surtout par la quantité de mes lecteurs. Par exemple, mon billet sur la brutalité étudiante a été lu par plus de 850 personnes dont la majorité étaient du Canada mais j’ai aussi des lecteurs en France, Belgique, États-Unis, Grande Bretagne, République Tchèque, et même en Équateur! J’ai un style direct et je suis un polémiste. Mes propos suscitent des réactions, et pas toujours gentilles et polies, contrairement à ceux de d’autres blogues au styles plus modérés et davantage littéraires. Il y a aussi les groupes de discussions qui sont faits justement pour ça. On m’a déjà passé une commande sur Forumschiste pour lequel j’ai tourné 8 capsules videos sur le gaz de shale. À ma prochaine chronique à la radio-poubelle CHOI – dont j’ai l’honneur et la chance de faire partie des « vidanges » – mardi vers 18h, je parlerai de la « réforme » de l’enseignement et aurai des propos pas très chics sur les gens de votre métier madame mhm. N’en prenez surtout pas ombrage. Je ne ferai que décrire ce que je vois et entends quand je visite les écoles, et les conclusions pas toutes très flatteuses que je peux en tirer.
Madame mhm,
Je répond à mon propre message, ce qui est un peu absurde j’en conviens, mais l’option pour répondre au vôtre est inexistante.
Je vous remercie de votre commentaire et comprend le désir que vous auriez de voir un sain débat animer ce blogue. Mon expérience me chuchotte cependant que c’est un peu peine perdue: les gens s’assemble autours de ceux qui pensent comme eux, et quelques-uns se permettent parfois quelques incursions chez ceux dont ils n’approuvent pas les opinions, mais ils ont alors le nombre contre eux et se font habituellement rapidement réduire à quia, par la masse des réponses nécessaires qu’ils doivent faire pour continuer à justifier leur position. Seuls quelques grands esprits sauront en peu de mots répondre à de multiples attaques, mais ils sont rares et ont sans doute mieux à faire que de prendre part à des débâts en ligne sur d’obscurs blogues.
Si on regarde plus grand, disons les quotidiens québécois en ligne, par exemple. Tel article d’un journal suivant telle ligne politique suscitera un grand nombre d’éloges plus ou moins élaborées, qui obtiendront toutes plusieurs pouces vers le haut, peu de pouce en bas, et fort peu de sous-commentaires; et un petit nombre de commentaires plus critiques, moins enthousiastes, qui susciteront tous, malgré parfois beaucoup de bon sens et d’érudition, une avalanche de sous-commentaires hostiles et de pouces en bas. Est-ce déraisonnable de penser que le flâneur qui s’y retrouve un jour pourrait trouver ce lieu de discussion biaisé? Le problème, c’est qu’en tant que flâneur occasionnel de ces sites, je les trouve tous, sans exception, biaisés, ceux de gauche comme ceux de droite, les plus rustiques comme les plus sophistiqués. Le besoin d’affiner et de confirmer ses propres convictions semble primer sur celui de débattre.
J’aime à m’identifier à ces hardis personnages qui osent affirmer leurs opinions dans des lieux où elles seront mal reçues, mais en fait, je suis souvent trop cynique, et ce cynisme compte probablement plus que mon opinion divergente dans l’enchaînement de réactions négatives qui suscitent à l’occasion mes messages.
Mais on peut toujours rêver. Ne vous formalisez pas trop de mon pessimisme et continuer de croire à ce louable idéal qui est le vôtre. La vie pourrait bien vous jouer un tour et vous l’offrir un jour.
Très cher éminent confrère monsieur Filou,
Je vous remercie de vos bons mots à mon endroit, mais je me dois d’humblement vous corriger. En effet, ma pauvre personne tient beaucoup plus du cancre pénitent que de l’érudit chevronné, quoiqu’il puisse fort bien émerger certaines connaissances à la surface de l’insondable puits d’ignorance que je suis. Quant à ma position sur le sujet débattu, vous serez peut-être surpris d’apprendre que j’étais au début plutôt compatissant envers la cause étudiante malgré tous les préjugés véhiculés sur la génération des enfants-rois, lesquels se trouvent d’un certain point de vue les bouc-émissaires du laxisme administratif gouvernemental. L’idéaliste que je suis aurait espéré que cette résistance puisse être canalisée dans un débat de société intergénérationnel large où chacun aurait pu trouver sa façon de renflouer les coffres de demain: Une pincée d’austérité dans la vie des plus opulents, quelques années de travail supplémentaires pour les plus agés (les gens détestent-ils tellement leur métier que cela leur semble une corvée?) et oui, une contribution étudiante actualisée à la réalité de 2012. Puis on s’est mis à parler de gel ou de gratuité. Les opportunistes sont sortis de l’ombre et avec eux tous les griefs contre le capitalisme, lequel est soi dit en passant, le pire des sytèmes si l’on fait exception de tout ce qu’on a essayé de différent. Certaines élites en flagrant conflit d’intérêt ou en quête de capital politique ou financier on évoqué la légitimité plus éclairée d’une minorité face à la grande vénérabilité des lois jusqu’à ce que l’exhibition navrante de cette caricature grotesque, cette pâle copie maladroite de la révolution française dont la pierre angulaire se réduit plutôt à « Moi, je suis important et je sais » ne prenne les allures d’une révolte des intellectuels montréalais et de leurs satellites protestataires contre un gouvernement écorché. Lorsque l’émotivité de la rue prend le dessus, il est parfois salvateur de prendre du recul, de réouvrir les classiques et de s’abreuver de la sagesse des anciens afin d’y trouver certaines similitudes. Voilà pour l’évolution de ma réflexion.
L’allusion aux sociologues ne se voulait aucunement dénigrante et je suis désolé si c’est ce qui a pu transparaître de l’opposition que j’ai esquissée entre les facultés grévistes et les métiers en manque de main-d’oeuvre. Le but de l’innitiative étant bien plus de questionner le dogme québécois qui stipule que « Plus un grand nombre de gens accéderont à l’université, plus grande sera la société de demain » que de diminuer l’importance de qui que ce soit. Le sage Memnon de Voltaire nous laissait déjà présager qu’il n’y aurait rien de plus fou qu’un peuple de sages et « Le meilleur des mondes » d’Huxley nous mettait en garde contre les périls guettant une société constituée d’Alphas… Bien qu’évoluant dans les hautes sphères des stades du jugement moral de Kohlberg, les sages n’en demeurent pas moins antagonistes lorsque leurs idées sont mises en concurrence…
En revanche, j’abonde dans votre sens lorsque vous dites que certaines choses qu’on aime faire dans la vie puissent se révéler utiles dans des activités insoupçonnées. Voilà cher confrère, le modus operandi de mon éducation. Comment un cours de philosophie que je ridiculisais d’emblée a suscité un intérêt brûlant pour les classiques littéraires, comment une passion pour le conditionnement physique m’a conduit vers l’étude de la mécanique du corps, de sa chimie et de la nutrition, comment une allusion à Voltaire dans une pièce de théatre visionnée lorsque je devais avoir 17 ans me poussa à lire ses oeuvres et ainsi découvrir sa querelle avec Rousseau. Comment la remise en question de la trentaine m’a conduite vers « les rêveries du promeneur solitaire » de ce dernier. Comment une adaptation cinématographique des « Misérables » m’a poussé à lire cette grande oeuvre, laquelle a piqué ma curiosité sur la bataille de Waterloo, puis inévitablement sur la révolution française avant de me conduire à l’étude des différents empires qui ont dominé le monde et des causes de leurs déclins. Comment les interventions de monsieur Du Berger dans les médias ont catalysé mon début de sceptissisme face à ces experts qui nous leurrent quelques fois afin d’assurer la pérénité de leur gagne-pain. Comment mes études en informatique m’ont permis de concevoir des logiciels pour solutionner des problèmes domestiques. Comment mon statut de musicien pendant dix ans m’a appris qu’on peut trop facilement se convaincre que lorsqu’on crée, on est en droit d’espérer ne pas avoir à occuper un emploi pour assurer notre subsistance. Comment une implication dans des projets communautaires m’ont démontré pourquoi tout système communiste ne tient qu’à un fil et provoqué un attrait pour les sciences économiques. Comment je suis devenu charpentier après avoir acheté ma maison et comment je dois me rafiner sans cesse pour bien répondre aux questions les plus improbables de mes enfants…etc.
En définitive, je ne peux qu’opiner avec votre conclusion que les études, peu en importe le sujet, puissent prédisposer ceux qui s’y sont livrés à des travaux fort lucratifs hors des champs d’intérêt immédiats. Toutefois, j’estime que ce sont la curiosité, la passion et la volonté, en symbiose avec l’expérience qui sont le véritable moteur de l’éducation et que l’université n’est qu’un des moyens d’atteindre et de transcender nos objectifs. S’il n’est pas souhaitable que l’essais-erreur ou le butinage universitaire soit proscrit, peut-être serait-il pertinent d’attribuer un prix à tout cela, que je considère un luxe. A chaque niveau sa spécificité. On apprend les rudiments au primaire, on les met en pratique au secondaire, on s’ouvre à l’étendue des possibilités de nos connaissances au collège et on se raffine à l’université et autres écoles spécialisées. Le sérieux devrait être en constante progression lors de notre formation académique et lorsque les choses commencent à se faire par habitude plutôt que par passion, qu’un cheminement devient interne plutôt qu’un passage d’une entrée à une sortie, il me semble que l’apparition du bon vieux signe de Dollar devrait nous rapeller que l’éducation coûte cher et que si l’accès à celle-ci est un droit, en sortir pour servir la société est un devoir.
Madame Mhm,
Il est toujours impressionnant de voir un esprit rigoureux découvrir et souligner les contradictions dans le discours des gens. Or combien amère peut être la futile désillusion d’assister au déchirement d’une nation qui semble avoir perdu à la fois son identité collective, ses repères et sa quête commune. Toujours divisée comme si une moité cherchait à vivre aux dépends de l’autre quand elle ne s’efforce pas de trouver des moyens de s’en protéger, elle se complait dans le tourbillon incessant de la propagande à s’affaiblir et étaler à la face du monde sa dissension et sa vulnérabilité: Tantôt c’est le fiel déversé par le cuistre, tantôt la rhétorique sottise de l’habile sophiste, sans oublier l’occasionnel semi-dérapage provocateur de l’érudit outré ou la réplique cinglante de l’indigné réactionnaire. A chacun sa façon de capter l’attention… Toutefois, à la lueur de ces nombreuses expressions individuelles de la vérité, un philosophe mal-aimé du 18e siècle pourrait dire comme il l’écrivait si bien de son vivant à un autre bel esprit du temps: « …Mais en ce siècle savant on ne voit que boiteux vouloir apprendre à marcher aux autres. Le peuple reçoit les écrits des sages pour juger et non pour s’instruire. »
Qu’y a-t-il à espérer de tout cela? Sommes-nous sur le point de toucher le sublime ou nous apprêtons-nous à tremper nos lèvres dans la coupe de la décadence? L’histoire est pleine de peuples libres qui ont favorisé l’étalement de l’esprit au détriment de sa densité et sa canalisation. Telle est la tare inévitable de la liberté. Les grands peuples sont ceux qui savent la dompter, les autres ceux qui l’use tellement qu’ils en deviennent épars, avant d’être subjugués… L »oisif cynique quand-à-lui, dirait peut-être que ce n’est que le rafinement ultime de la téléréalité interractive, en direct sur toutes les chaînes, « Créez et vivez votre PROPRE mutinerie ». N’y a-t-il pas de moyens plus nobles et moins dévastateurs de purger un gouvernement gangréné?
Il est bon toutefois de se remémorer à l’occasion qu’on a les gouvernements qu’on mérite…
Bonjour Martin,
Merci pour ce commentaire constructif, il a ouvert quelques portes dans mon esprit. Particulièrement cette citation de Voltaire dite à Jean-Jacques Rousseau qui m’incite à en lire davantage! Et que dire de cette liberté, si précieuse et capricieuse, un autre beau sujet de réflexion!
mhm
Très chère muse de la solidarité, l’être sensible que je suis apprécie grandement la douce attention dont vous fîtes preuve en me répondant avec autant d’ouverture. Je salue votre affabilité et en profite pour ajouter qu’il n’est pas toujours facile de projeter notre idéalisme au-delà des dualités bien-mal ou vérité-mensonge. En outre, je dois saluer votre perspicacité à propos de la citation qui servit mes propos, bien que je sois peiné de vous apprendre que vous pourriez fort bien avoir confondu l’expéditeur et le destinataire. Voltaire était davantage dédié à combattre les excès du christianisme et à vanter les vertues du capitalisme naissant qu’à critiquer l’élite intellectuelle du siècle des lumières. Quant à Rousseau, la grande inspiration de la démocratie moderne, jamais a-t-on vu un socialiste autant à droite par sa rigueur et son pragmatisme. Dailleurs, puisque vous me semblez un tantinet favorable à la cause étudiante, j’ai bien envie de vous proposer une autre citation et de risquer ensuite quelques questions, que je vous invite à débattre si vous y trouvez quelque satisfaction.
« Que penserons-nous de ces compilateurs d’ouvrages qui ont indiscrètement brisé la porte des sciences et introduit dans leur sanctuaire une populace indigne d’en approcher, tandis qu’il serait à souhaiter que tous ceux qui ne pouvaient avancer loin dans la carrière des lettres, eussent été rebutés dès l’entrée, et se fussent jetés dans les arts utiles à la société. Tel qui sera toute sa vie un mauvais versificateur, un géomètre subalterne, serait peut-être devenu un grand fabricateur d’étoffes. » -Jean-Jacques Rousseau, Discours sur les sciences et les arts, prix de l’Académie de Dijon en 1750
Faisons abstraction de la crédibilité du gouvernement actuel et des abus de nombreux cadres et recteurs de quantité de sociétés d’état. Si l’on se réfère uniquement aux statistiques comparatives du coût de l’éducation versus le taux de diplômation, quel idéal poursuiverions-nous en nous acharnant à privilégier la quantité au détriment de la qualité? En outre, le refus quasi viscéral de soummetre à un contingentement très raisonnable l’accès aux études supérieures n’est-il pas une dénégation audacieuse du principe de Laurence Peter, lequel inspire encore bon nombre d’entreprises soucieuses de leur productivité? Est-il totalement impossible qu’une facilité d’accès disproportionnée ne cause, en terme de résultats, de grandes injustices pour en corriger de moindres? Aurait-on peur à ce point de manquer de sociologues, de politicologues, d’artistes et d’éditorialistes qu’on aurait trop d’ergothérapeutes, de constructeurs aéronautiques, d’ingénieurs civils ou d’hygiénistes dentaires? Le bon père de famille s’acharne-t-il à envoyer tous ses enfants à l’université qu’importe la dépense sous le prétexte que cela améliore les chances de produire un maximum d’érudits pour la société de demain ou s’assure-t-il de guider chacun dans des sphères où le développement de leur potentiel servira le mieux celle-ci? Est-il farfelu d’affirmer que l’accessibilité trop aisée entrave la mesure de la passion réelle de chaque étudiant, ce qui permet à quelques oisifs et indécis de dilluer involontairement les ressources offertes aux âmes avides de connaissances? Et si l’on donnait aux frais de scolarité la valeur d’un symbole plutôt que celle d’un moyen de financement? Voyez qu’avec ces nuances, on laisse en arrière plan le spectre du capitalisme. Discrimination? Sélection naturelle? Qu’importe, nous sommes bien loin des Spartiates qui laissaient mourrir les bébés qu’ils jugeaient indignes d’être de bons soldats. Dans tout flot continu, un filtre est nécessaire pour prévenir l’encrassement de la méchanique. Aussi vrai que l’abondance entraîne la lassitude, la facilité inspire l’indifférence, voire le dédain. Est-il moins blasphématoire de permettre à tout-un-chacun de fouler un sol sacré que d’en exiger le modeste gage d’en être digne?
M. G.
Votre érudition est étourdissante et votre réflexion sur ces sujets ne date certainement pas d’hier. Aurais-je même le désir de vous imiter, je n’aurais que le sentiment de faire retomber le discours dans la boue de ce bas monde si je m’y mettais. Alors foin de l’imitation, j’y irai de mon ton habituel, lequel est beaucoup moins virtuositique que le vôtre, mais j’assumerai mon infériorité et ne sortirai point encore de la danse.
Vous semblez vous inquiéter d’un trop-plein de sociologues et consort. Une image s’est présentée à moi une nuit (ça m’arrive souvent), qu’une majorité des choses que j’ai aimées faire dans ma vie se sont révélées utiles à plusieurs autres activités auquelles je m’adonne professionnellement et/ou en dilettante. Des liens, des méthodes, des habitudes se créent lorsque je fais quelque chose, une rigueur se fait jour qui s’avère parfois très utiles en des endroits que l’on ne soupçonnerait pas. Ainsi, la lecture de la poésie a beaucoup aidé ma grammaire, laquelle s’est par la suite révélée très utile lorsque j’appris l’anglais, qui à son tour m’a aidé à approfondir encore ma grammaire. Je dessine, pas très bien, mais j’aime passer le temps en dessinant et coloriant. Mon amour des couleurs m’a aidé à monter des manuels d’instructions plus clairs que ceux que j’eusse pu faire en ne me servant que du noir de l’encre noire et du blanc du papier… en anglais (le voilà qui pointe de nouveau son nez). La structure complexe d’un bon roman s’imprègne dans le cerveau, et voilà que des démonstrations mathématiques semblent plus aisées. Je jongle depuis que je suis entré à l’école, un enchaînement de circonstances assez complexe m’a mené de la jonglerie à l’étude des décimales de pi: en quelques mois, j’en ai appris 2000, et les ai retenues depuis cinq ans, au prix d’efforts minimaux. Les associations que j’ai ainsi découvertes dans ma vie sont très nombreuses et rapprochent jusqu’au contact franc des sujets que l’on pourrait croire à peu près dissociés.
En observant la société, je remarque les mêmes choses chez les gens, lesquels ne les remarquent pas toujours. Ce qui me mène à ces nombreux sociologues. Ne croyez-vous pas que des études universitaires, peu en importe le sujet, puissent prédisposer ceux qui s’y sont livrés à des travaux fort satisfaisant, parfois même très innovateurs, hors leur champs immédiat de compétence tel que défini par la matière de leur graduation? Je ne parle pas de placer un anthropologue comme professeur de tectonique à l’université, bien sûr, ce serait absurde. Mais dans le monde du travail, je n’ai jamais eu d’emploi que j’eusse su du tout au tout en partant, mais jamais aucun non plus auquel quelques mois n’aient suffit à me les rendre confortables.
Bonjour M. Du Berger,
Nous nous sommes mal compris, je ne vous accuse pas de faire vous même des propos haineux ni même des attaques personnelles. Cependant, en lisant les toutes premières réponses que votre billet a suscitées, je me suis questionnée et ensuite indignée du fait que le ton de celui-ci porte certains à écrire des énormités. Grâce aux commentaires qui ont suivi, j’ai confirmé ma pensée qui veut que lorsque l’on instaure un certain niveau de langage on a plus de chance de se faire répondre sur le même ton. Vous m’avez bien expliqué votre intention et Filou m’a fait saisir de manière tout à fait courtoise mon petit côté « soupe au lait ».
Depuis, j’ai lu quelques-uns de vos billets et je suis parfois en accord et parfois en désaccord, la différence ici était que mon désaccord était autant sur le fond que sur la forme et je me suis surprise à vous répondre bien que ce ne soit pas dans mon habitude.
Je n’ai pas eu la chance d’entendre vos propos à la radio, mais sâchez que j’ai parfois moi aussi des pensées pas très chics sur certains de mes collègues. Je suis très exigeante et critique à l’égard du manque de rigueur et de professionnalisme lorsque j’en suis témoin et je déplore le laxisme qui s’est installé dans certaines institutions scolaires. Mon combat se situe sur le terrain et non pas dans la propagande. Je fais partie de ceux qui veulent faire partie de la solution et qui désirent capitaliser sur l’amélioration plutôt que sur le simple constat de défaillance.
Au plaisir de vous lire et peut-être de vous apporter mon point de vue à nouveau.
mhm
Monsieur Filou,
L’option pour répondre à votre message étant inexistante, j’ai choisi d’utiliser l’option présente sur votre message du 27 mai en croyant bien faire, avec le piètre résultat que ma missive apparaît désormais sous celui-ci. Comme quoi le cuistre que je suis prouve qu’on peut surpasser le comique de se répondre à soi-même lorsqu’on parvient à faire apparaître une réponse à un message précis sous un autre qui ne nous était pas même adressé. Allons, bonne ascension et surtout, prenez garde au torticolis.
« Nous tromper dans nos entreprises,
C’est à quoi nous sommes sujets ;
Le matin je fais des projets,
Et le long du jour, des sottises. »
-Voltaire
Cher Monsieur G.
J’ai pu constater que votre culture est multidirectionnelle et qu’elle s’est entre autres abreuvée à la source talonnesque. Et voici que vous me donnez le goût d’y retourner moi-même.
Mais auparavant, quelques mots.
À vos exemples de mondes d’intellectuels tels qu’ils furent décrits par nos valeureux romanciers d’auparavant, je me permets d’ajouter d’ajouter le voyage de Gulliver à Laputa, île flottante sur laquelle les savants avaient perdu à peu près toute notion du réel, et s’enfouissaient profondément dans leur bulle personnelle de réflexion sur des problèmes qui n’étaient plus de ce monde.
Je mentirais cependant si je disais ne pas me méfier un peu de ce type de démonstration philosophique. «Huis clos» de Jean-Paul Sartre ne vous est certainement pas inconnu. Je trouve personnellement cette démonstration (l’enfer, c’est les autres!) un peu simple, les protagonistes n’y possédant plus certaines des soupapes qui nous permettent à nous, pauvres mortels réels, de côtoyer nos semblables avec habituellement moins de dommages que dans cette pièce, je pense entre autres au sommeil, à la solitude, à l’obscurité, à nos paupières, au choix possible de nos relations. Je ne dénigre donc pas vos exemples (Brave New World, que j’avais bien apprécié, et Zadig (?) de Voltaire, que je ne connais pas), mais les refuserais néanmoins comme preuve absolue de ce qu’ils avancent. De bonnes pistes de réflexion, tout de même, et c’est sans doute ainsi que vous les aviez prévues dans votre discours.
Quant au reste, je suis à peu près de votre avis, bien que je n’aie jamais été froncièrement du côté des étudiants. À un certain moment, je me suis néanmoins rendu compte que les étudiants ayant été élevés avec cette idée toute puissante du droit à l’éducation, il eut sans doute été préférable de prévenir un peu, d’autant plus que ça crevait les yeux depuis plusieurs années que le système allait à vau-l’eau. Pourquoi alors attendre et attendre et attendre, puis asséner en pleine poire de ces jeunes et naïfs adultes en devenir une hausse des frais avec six mois de notification, alors que la durée des études post-secondaires dépasse de beaucoup ce court délai? J’imagine que le calcul politique est une des réalités de la démocratie, et il n’était peut-être pas avisé de la part d’un gouvernement alors minoritaire de commencer à mettre sur pied de telles mesures qui eussent pu être graduellement instaurées et s’appliquer aux nouveaux inscrits, à ceux qui changent d’idée à mi-chemin et à ceux qui étirent leur séjour. Lorsqu’à la fin-avril un arrangement a été proposé, j’avais naïvement pensé qu’il ne serait pas si mal: oui les étudiants s’endetteraient un peu plus, mais ils pourraient très bien s’atteler à leurs études, se concentrer sur elles, les terminer et travailler. Où cette réflexion fut-elle fausse, me demandé-je encore? Peut-être les étudiants n’envisageaient-ils pas de travailler après leurs études? Ou alors peut-être ne désiraient-ils pas les terminer???
Alors, oui, un peu comme vous. Je suppose qu’il est un peu ridicule de tout payer à des jeunes qui ne sont pas même certains de bien vouloir être là où ils sont. Des études, ça semble bien quand c’est gratuit, et ça ne vaut peut-être pas le coup s’il faut payer. C’est un peu comme des docteurs, finalement. Si c’est gratuit et disponible sur appel, on les fait venir chez soi pour un mal de tête qui persiste après deux aspirines. S’il faut payer un montant raisonnable et attendre un peu, on y va après quelques jours de fièvre ininterrompue et de vomissements. S’il faut payer trop cher et attendre quatre jours dans un enclos d’attente extérieur, on ne s’y rend pas du tout et on enterre ses morts dans son jardin. Entre ces deux extrêmes, je préfère cet endroit idéal où celui qui veut y aller en a la possibilité, et où celui qui n’est pas certain de son désir ou de son choix préfère y réfléchir en allant travailler quelques années, quitte à se remettre aux études lorsque son envie aura pris forme. Pendant mes années aux Téhenos, j’ai vu nombre de jeunes gens choisir ainsi d’aller travailler, afin de faire un choix de carrière plus éclairé, de se familiariser un peu avec la discipline qu’ils envisageaient, et de ranger des sous qui leur éviteraient l’endettement trop important.
En définitive, et pour conclure un peu comme vous le faites dans un esprit littéraire, je commenterai la révolte étudiante actuelle avec le mot d’Amélie Nothomb à la fin de Péplum: «Fi!»
(Ceux qui se désoleront de la pauvreté de la référence et/ou de la citation pourront au moins se réjouir de sa brièveté. À bon entendeur…)
Monsieur Filou,
Si nous ne sommes pas tout-à-fait à l’unisson, il me semble certain que nous jouons dans la même symphonie. Juste quelques mots pour terminer cet échange passionnant en beauté. Premièrement, je me permet de vous suggérer, pour votre réincursion dans le monde de Greg: « L’archipel de Sanzunron », qui effleure un thème qui n’est pas étranger à l’omniprésente crise étudiante, à savoir l’anti-capitalisme et la démonisation des banques. On y insinue que ce ne seraient pas d’avides hommes d’affaires qui auraient élaboré des concepts tels les dépôts de garantie, l’intérêt, les ventes à crédit, les avances sur recettes, mais bien nos ingénieux ancêtres qui s’adonnaient au troc qui, étant las d’être les jouets des aléas de la vie, auraient inventé des moyens brillants de simplicité pour s’assurer une stabilité que l’on croit de nos jours être dans l’ordre des choses. Un pendant optimiste de « L’origine de l’inégalité », d’un auteur que je n’ai que trop cité. Désopilant! Deuxièmement, je souhaite ajouter que tout comme vous l’aviez habilement deviné, je suis de ceux qui se gardent bien de brandir les livres comme modes d’emploi ou référence absolue. Chaque livre est une parcelle de vérité et isolée, cette parcelle est mensonge. Chaque auteur est quelquefois visité par le génie mais demeure néanmoins sujet aux excès, lesquels rendent ces ouvrages qu’on dévore si grandioses et plus grand que nature. Une utopie du genre « Du contrat social », de Rousseau peut-être réduite en pièce par la morale de Voltaire dans le conte amusant « Memnon ou la sagesse humaine » (voilà le titre qui vous faisait défaut). Ironiquement, l’un a contribué a créer la démocratie qu’on connait alors que l’autre nous rapelle comment la préserver. Cela me fait penser,et je concluerai là-dessus, que de tous les arbres saugrenus dans lesquels j’ai cueilli mes connaissances, j’avais oublié de mentionner le plus important, à savoir celui de la divergence. Dommage que celle qui a ammorcé cette plaisante correspondance, cette énigmatique dame aux innitiales, brille à présent par son absence… Mais il faut conclure. C’est à mon tour de ne pas me sentir à la hauteur d’égaler la conclusion massue que vous avez assénée, chute digne de faire rougir Allan Poe. Je me contenterai de déclarer, pour en finir sur les étudiants, que lorsque j’entends ceux-ci clamer qu’ils ont « soumis » une offre à la ministre et qu’ils espèrent qu’elle fera preuve de maturité dans son analyse, il me semble que c’est le monde à l’envers. La moue qui se dessine sur mon visage ne ressemble alors à rien si ce n’est à celle que Voltaire eut faite si un étudiant se fut avisé de lui proposer une rime.
P.S. C’est sidérant de constater à quel point on peut associer d’emblée le terme « cuistre » aux aventures d’Achille Talon!
Cher Monsieur Martin,
Moi aussi une dernière intervention.
Pour vous remercier à mon tour pour cette fort intéressante discussion. J’apprécie beaucoup la somme de temps que vous avez mise, ainsi que la désarmante courtoisie dont vous fîtes preuve du début à la fin.
Pour déplorer, aussi, que madame mhm n’y soit pas revenue.
Et enfin, pour vous laissez savoir que là où j’ai reconnu Talon, c’est lorsque vous citâtes partiellement un certain savant japonais de l’album « Le grain de la folie ». Vous voyez, naturellement, cette citation à laquelle je fais référence. L’utilisation d’un mot particulier ne me fait que rarement tiquer, mais cette pleine citation, elle, m’a sauté à la figure.
Bonjour à tous,
Cette semaine fût très chargée en tâches toutes plus pressantes les unes que les autres et très légère en heures de sommeil! Me voici donc en retard sur notre échange et je m’en excuse. Je constate, à la lecture de votre conversation que vous avez su rehausser ce débat et surtout mettre un baume sur mon exaspération initiale.
Je crois en effet que nous sommes dans la même symphonie (pour citer Monsieur G.). Malgré mon absence des derniers jours, mes pensées n’ont pas fait de pause et certaines de vos paroles ont meublé mes quelques moments de méditation quotidienne.
Ayant aussi volontairement choisi de varier mes champs d’intérêt, j’ai étudié quelques temps le management opérationnel et depuis je me donne trois ans pour l’étude d’un sujet qui m’intéresse. J’ai débuté cette stratégie il y a quelques années et j’en suis à l’étude de la pédagogie. Je termine bientôt une maîtrise sur le sujet et vous m’avez inspiré mon prochain champ d’étude: la philosophie. Je ne manquerai pas de cibler l’éthique qui fait défaut à bien des gens et qui m’a poussé à écrire mon premier commentaire sur ce blogue. Si je me fie à la qualité de vos commentaires, cette prochaine étape sera captivante.
Je vous remercie d’avoir répondu avec autant de verve et au plaisir de vous recroiser sur le cyberespace.
mhm
Euuuh! Il était chinois, bien sûr, ce savant… Qu’est-ce que c’est embarrassant! 🙂