Le blog de Reynald Du Berger

C’est le titre d’un ouvrage publié récemment par le philosophe Christian Nadeau. Jean-François Gilbert du FM93,3 à Québec a proposé à son co-animateur matinal Sylvain Bouchard, ce scoop dont je vous propose à mon tour une analyse… que je ne ferai pas… mais que je vous propose de faire à ma place. Vous êtes assez grands pour la faire, puisque vous me lisez.

Une association étudiante du CEGEP F.X. Garneau de Québec a invité l’auteur Christian Nadeau à présenter aux étudiants une midi-conférence sur le sujet en titre. Les étudiants auraient inscrit cette conférence dans le cadre des cours de philosophie qu’on leur dispense à ce CEGEP, avec l’agrément de leurs professeurs de philosophie. Certains de ces professeurs auraient encouragé leurs élèves à assister à cette présentation en leur garantissant une note majorée de 1% à leur examen final de philosophie, contre une preuve de leur présence à cette conférence.

M’en faut-il écrire davantage? Je pourrais tergiverser, m’indigner, mais je vous en laisse le soin, ou celui de me modérer, si vous le voulez bien, chers amis de ce blogue.

Un professeur de ce même département de philosophie, m’a fait en décembre dernier, la confiance et l’honneur de m’inviter à proposer à ses élèves mon opinion sur les changements climatiques , basée sur des observations scientifiques que je prétends rigoureuses,. La démarche pédagogique à laquelle il m’associait, s’inscrivait dans un des objectifs de son cours de philo clairement et rigoureusement définis: développer l’argumentaire et le sens critique.

Je comprends la loyauté et donc le devoir de réserve qui lie ce professeur à son CEGEP et le freine à la réaction qu’il aimerait probablement exprimer à ses collègues et aux autorités de son CEGEP suite à leur 1% de gratification accordé aux élèves dociles. Permettez-moi une anecdote vécue comparable à cette situation, sauf la mesure déflationniste de 10% en 1964 vs 1% en 2011.

En mai 1964, j’étais étudiant en génie géologique à l’Université Laval. J’étais inscrit au Camp d’arpentage, exigence pour le diplôme que je convoitais. Le dernier jeudi de mai était une fête d’obligation, selon le calendrier liturgique catholique, c’était l’Ascension, 40 jours après Pâques, et ça tombe toujours un jeudi, cette année le 2 juin. – En France c’est toujours congé férié et il est probable que plusieurs des élèves des lycées s’imaginent qu’on célèbre l’ascension de l’Everest par un alpiniste français-.   Le professeur avait organisé pour les étudiants du camp, une messe à la chapelle du Séminaire à laquelle nous devions normalement être tous présents. Or j’étais resté sur le perron de la chapelle avec 3 ou 4 autres amis rebelles à fumer des cigarettes tandis que les autres obéissaient à la consigne dans la chapelle. Le professeur patrouillait le campus et nous a vite repérés. Le lendemain, nous étions convoqués à son bureau où il nous annonçait que nous venions de perdre 10% de la note qui nous serait accordée pour ce camp.

Je suis rentré chez-moi ce soir-là la mort dans l’âme. J’en ai discuté avec mon père qui a été journaliste pendant plus de 25 ans à L’Action catholique. Il avait décroché depuis quelques années de cette religion à laquelle Duplessis l’avait contraint par l’entremise du journal bleu comme le Ciel dont mon père devait refléter les opinions officielles. Devant l’injustice dont je lui faisais part ce soir-là, il m’a simplement répondu: « c’est à toi de décider si tu dois continuer d’aller à la messe » . J’ai pris ma décision ce soir-là. Les étudiants de F.X Garneau prendront-ils une décision? Et plus fondamentalement: s’attend-on à ce qu’ils en prennent une?