NOTE TECHNIQUE SUR LES MASQUES 

Publié: 3 avril 2020 dans Uncategorized

masque

Par Christian Gerondeau

On entend beaucoup parler de masques à l’heure actuelle, mais le terme recouvre des réalités très différentes, de telle sorte que règne une grande confusion.

La présente note a pour objectif de tenter de lever celle-ci.

Dans ce but, elle classera les masques selon trois critères.

-Qui veulent ils protéger?

-Sont ils réutilisables ou non?

-Sont ils fabriqués industriellement ou artisanalement?

PROTÉGER QUI ?

L’opinion la plus répandue veut  que les masques soient destinés à protéger ceux qui les portent.

La réalité est beaucoup plus complexe, et les masques peuvent être classés à  cet égard en deux catégories.

Certains masques sont effectivement destinés à protéger ceux qui les portent, à l’égard du risque de contamination par des personnes porteuses de microbes ou de virus . On les reconnaît souvent à leur forme en « bec de canard ». Équipés de filtres, ils portent des noms différents selon les lieux : FFP2; N95; KN95; DS; etc, la communauté internationale n’ayant pas réussi à leur donner une dénomination unique.

Ce sont des masques  « filtrants ».

Curieusement, ils portent dans les pays anglo-saxons le nom de  » respirators » , ce qui induit à la confusion lorsqu’on les traduit par « respirateurs ».

Les autres masques , qui constituent la grande majorité, n’ont initialement pas vocation à protéger ceux qui les portent car ils  ne sont pas équipés de filtres.

C’est notamment le cas des masques les plus répandus, dits « chirurgicaux ». Comme leur nom l’indique,  même s’il prête là aussi à confusion, ils ont été conçus à l’origine pour être portés par des chirurgiens pour que ces derniers ne transmettent pas d’éventuels microbes aux  personnes qu’ils opèrent .

En aucun cas ils n’avaient pour but de protéger les chirurgiens eux mêmes, car ils ne sont pas étanches et ils laissent passer sans filtration l’air extérieur que ceux ci respirent.

La preuve en est malheureusement apportée par le constat que l’on compte aujourd’hui beaucoup de personnes contaminées par le virus actuel parmi les personnels soignants . Or ceux-ci portent le plus souvent ce type de masques qui ne leur procure qu’une protection illusoire. A vrai dire, on se demande un peu pourquoi ils les portent , si ce n’est pour des raisons psychologiques.

On comprend que la demande actuelle des services hospitaliers se porte massivement vers les masques du type filtrant.

Il ne faudrait toutefois pas en déduire que les masques non filtrants soient sans intérêt, bien au contraire.

Ils peuvent jouer en effet un rôle déterminant dans la lutte contre les épidémies, mais d’une manière inattendue.

L’expansion d’une épidémie dépend  en effet du nombre de personnes que chaque porteur du virus contamine  à son tour. Sans précaution particulière, on estime que ce nombre ( coefficient de transmission) est en moyenne de l’ordre de 3 pour la pandémie actuelle. Pour qu’une épidémie cesse de se propager , il faut que ce nombre devienne inférieur à 1. L’épidémie cesse alors d’elle-même.

Or les expérimentations ont montré que les masques dits chirurgicaux bloquaient 80% des gouttelettes rejetées dans l’air expiré par leurs utilisateurs , et donc porteuses de virus  si leur utilisateur est contaminé, qu’il le sache ou non.

On voit donc que le port de ces masques, s’il est généralisé, peut ramener à un niveau inférieur à 1 le coefficient de transmission, et empêcher ainsi le virus de se répandre.

La conclusion pourrait être mise en doute si elle n’était corroborée par des exemples frappants.

Comment expliquer autrement que la pandémie ait épargné des pays tels que le Japon qui a pourtant connu ses premiers cas de coronavirus bien avant nous, et qui n’a pris aucune mesure analogue au confinement que mettent en oeuvre, faute de mieux, les pays européens?

Dans de très nombreux pays asiatiques, toute la population porte désormais des masques, et la vie continue comme si de rien n’était.

JETABLES OU REUTILISABLES ?

Initialement conçus pour être utilisés en milieu hospitalier et uniquement à l’occasion d’opérations, les masques devaient être systématiquement jetés après usage, ce qui ne posait aucun problème.

Tout change en cas d’épidémie.

Si l’on veut  équiper l’ensemble des services hospitaliers de masques jetables, les besoins deviennent astronomiques pour leurs seuls besoins.

On a parlé pour la France de 40 millions de masques par semaine!

Et si l’on étend la demande au niveau planétaire, le chiffre du milliard est dépassé.

Et si l’on parle maintenant de généraliser le port du masque à l’ensemble de la population, ce sont des chiffres très supérieurs encore qu’il faut citer.

 Les pays asiatiques qui le font permettent d’évaluer les ordres de grandeur en cause.

La Chine a ainsi porté au cours du seul mois de février sa production quotidienne de masques de 10 à 150 millions, et sans doute à beaucoup plus encore à l’heure actuelle.

Et les pays  voisins en ont fait autant, toutes proportions gardées.

En général, leur production leur permet de procurer à chaque habitant 2 ou 3 masques par semaine, ce qui paraît suffisant pour de tels masques jetables.

Force est de constater que si la Corée , la Chine, le Japon, Taïwan, le Vietnam , etc ont procédé ainsi, aucun pays occidental ne l’a fait .

Bien au contraire, ils ont suivi l’OMS qui, niant l’évidence, persiste à dire qu’il faut réserver les masques aux seuls personnels sanitaires.

A défaut de pouvoir généraliser le port de masques jetables, beaucoup commencent à se demander s’il ne faudrait pas abandonner ou restreindre l’idée de masques jetables, qui était cohérente avec un usage quantitativement très limité de ceux-ci , pour adopter le concept de masques en tissu réutilisables.

Il en faudrait alors 50 fois moins !

L’idée fait son chemin en Asie.

Le Japon vient ainsi d’annoncer qu’il allait distribuer à chaque famille 2 ou 3 masques lavables et donc réutilisables …

MASQUES INDUSTRIELS OU ARTISANAUX?

Face à l’impossibilité de se procurer des masques jetables pour l’ensemble de sa population, un gouvernement européen vient de prendre une initiative qui mérite   grande attention.

Le 18 mars, la République Tchèque a décidé de rendre obligatoire le port du masque dans les espaces publics ,  les contrevenants étant passibles d’une amende de 600 euros.

Cette décision a été rendue possible par le fait que de grandes campagnes d’information avaient préalablement incité les habitants à confectionner eux mêmes des masques en tissu et donc réutilisables, opération qui ne présente aucune difficulté majeure , le mode de confection figurant sur de nombreux sites internet.

Certes, ces masques « faits maison » ne présentent pas la même efficacité que les masques dits chirurgicaux fabriqués industriellement.

Les expérimentations conduites par l’université de Cambridge ont ainsi  montré qu’ils bloquaient 50 % des rejets et non 80%.

Mais c’est beaucoup mieux que rien, d’autant plus que leur port présente un autre avantage, inhérent à tous les masques. Le port d’un masque , quelqu’il soit, rend en effet impossible de porter la main au visage, voie d’accès majeure du virus.

L’efficacité de la généralisation du port d’un masque s’en trouve accrue d’autant.

CONCLUSION

Le monde est aujourd’hui divisé en deux.

D’un côté, de nombreux pays asiatiques poursuivent désormais leurs activités  sans grand changement.

Les ventes de voitures en Corée ont ainsi augmenté de 12% au mois de mars par rapport à l’année précédente…

Aucun décès imputable au virus actuel n’a été enregistré au Vietnam.

Et il en va de même à des degrés divers au Japon, à Taïwan et même désormais en Chine.

La plupart de ces pays n’ont pas adopté les mesures de confinement qui paralysent le monde occidental dans une crise sans précédent avec des conséquences imprévisibles.

A l’inverse, les pays asiatiques concernés ont généralisé dès qu’ils l’ont pu le port du masque par l’ensemble de la population, accordant à la fabrication de ceux-ci une priorité absolue, allant parfois jusqu’à mobiliser l’armée pour y contribuer.

A défaut d’avoir agi ainsi malgré les mises en garde, la plupart des pays occidentaux ont dû se résoudre , faute de mieux, à mettre en oeuvre des politiques de confinement .

Et ils ont persisté à ne pas admettre l’intérêt du port du masque par l’ensemble de la population.

Ils ont suivi en cela l’invraisemblable position de l’OMS qui continue à s’y opposer, et qui mène le monde sur une voie dont on ne voit pas l’issue car personne ne peut aujourd’hui prévoir comment et quand prendront fin les confinements actuels s’ils ne sont pas accompagnés de la généralisation du port du masque par tous, même s’il s’agit de masques artisanaux.

Combien de temps les responsables de Genève resteront-ils aveugles à l’exemple que nous donnent les pays asiatiques qui ont su maitriser la pandémie et échapper aux tourments que vit aujourd’hui le reste de la planète, la totalité de leur population portant un masque?

Et  combien de temps les  écouterons-nous , et dissuaderons-nous nos compatriotes de  confectionner eux mêmes les masques que nous ne pouvons leur procurer?

commentaires
  1. Normand dit :

    Ma conjointe et moi avons commencé à fabriquer des masques pour nous et les nôtres…
    5 de terminés sur 24 prévus environ selon ce modèle :

    Cliquer pour accéder à tutoriel_masque_patron.pdf

    N.B. Attention, le document est pour un format A4… donc, si on imprime le patron, il ne faut pas laisser l’imprimante « ajuster » pour format 8.5 X 11

    • Normand dit :

      Vidéo d’une expérience en Laboratoire qui démontre bien la diffusion par Micro Gouttelettes… même en parlant (sans éternuer) :

  2. yvonbeaulieuauteur dit :

    Qui es-tu Christian Gerondeau ? Merci

  3. Paul S. dit :

    Pas sûr que tous ont appris à coudre à l’école et soient capables de confectionner un masque artisanal.

    Alors, pourquoi ne pas simplifier la chose : utiliser un bas de nylon enfilé sur la tête, avec un medium filtrant (mouchoir en tissus ou en papier, sachet en mousseline rempli de lavande, etc..) devant la bouche et le nez, coincé sous le nylon.

    Ceux qui ne voudraient pas couvrir toute la tête, pourraient découper le bas en bandes. Ainsi, toute la famille serait protégée, du bébé au grand papa Reynald à la grosse tête.

    Autres avantages : meilleure étanchéité aux joues, donc protection accrue aussi pour le porteur et la possibilité de remplacer le medium filtrant rapidement, sans ôter le masque.

  4. yvonbeaulieuauteur dit :

    Faire un masque efficace « homemade » : Une simple feuille d’un rouleau de papier essuie-tout plié en accordéon sur la longueur et à laquelle on broche un élastique à chaque extrémité. Coût 1 cent et trop simple bien sûr, car un enfant de 6 ans pourrait le faire. Ensuite d’utilisation un simple spray d’une solution d’eau de Javel diluée 1:5 sur les deux faces. Laissez sécher et réutilisé « in perpetum » coût 5 cents/litre. Aux amis et amies intelligents du blog de Reynald.

    Yvon Beaulieu, Biologiste Médical UQTR, promo 86

  5. LucBMénard dit :

    Le coronavirus est sans doute transmis par les gens lorsqu’ils parlent et respirent de l’avis d’experts américains.
    https://www.cnn.com/2020/04/02/health/aerosol-coronavirus-spread-white-house-letter/index.html
    En conséquence, il est désormais officiellement conseillé aux américains (en France également, je pense) de se couvrir le visage hors de chez-soi, pour aider à freiner les contagions.
    Plusieurs options existent, voyez par vous-mêmes, je pense que c’est une question de jugement selon la situation (p.ex. beaucoup utilisé dans les transports en commun en Asie étant donné la proximité des usagers).

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