DU SÉISME AU CLIMAT: LA CULTURE SCIENTIFIQUE

Publié: 3 novembre 2012 dans Uncategorized

Les Italiens viennent de condamner des sismologues à six ans de prison pour « homicide par imprudence ». On les accuse d’avoir sous-estimé les risques avant le séisme de l’Aquila qui avait fait 309 morts en 2009. Ils auraient négligé des signes présumés précurseurs et minimisé le risque encouru par la population. La Commission des « Grands Risques » à laquelle ils appartiennent avait pourtant indiqué à l’issue d’une réunion précédant la catastrophe, qu’il n’était pas possible de prédire la survenue éventuelle d’un séisme important et avait recommandé de respecter davantage les mesures de prévention antisismiques, notamment dans la construction d’immeubles. Haro quand-même sur les sismologues!

Cela pose de façon plutôt dramatique le problème de la relation du citoyen avec la science et les scientifiques, avec la technologie et les ingénieurs. Dans ce cas précis, les citoyens s’en sont remis aveuglément aux avis des experts qu’ils accablent alors d’une lourde responsabilité : celle de demeurer à l’affût de toute activité sismique – ou autre- et surtout de savoir y repérer et interpréter celle annonçant un choc menaçant et dans cette éventualité, alarmer suffisamment tôt les populations concernées.

Dans de très rares cas, on a pu prédire des séismes majeurs et ainsi sauver des milliers de vies, comme pour le séisme de magnitude 7,3 de Haicheng en Chine en 1975. J’ai cependant des réserves personnelles sur cette « prédiction » pendant la Révolution culturelle chinoise.

Mais cela pose le problème encore plus fondamental de celui d’une population à la culture scientifique et technologique le plus souvent rudimentaire. À chaque fois qu’on est confronté à un problème dont la dimension est d’abord technique ou scientifique, on se sent dépassé et on s’en remet aux « experts ». Quand ces derniers ne livrent pas la marchandise ou la réponse attendues, on les met au pilori. C’est le sort de ces pauvres sismologues italiens en faveur desquels plus de 5 000 scientifiques ont signé une pétition empathique. Le « monde ordinaire » , ignorant des sciences et techniques, en ignore aussi les limites. Il prête au scientifique des pouvoirs qu’il n’a pas. Par contre, il n’hésitera pas à condamner publiquement et impitoyablement le pervers sexuel ou le père assassin sanguinaire qui s’est acharné au couteau 47 fois – donc 47 ans de prison!- sur le corps de ses victimes et pour lesquels il juge que les tribunaux ont été trop cléments. Se substituant sans vergogne aux magistrats, sans avoir rencontré l’avocat de l’accusé, ni le procureur, ni les jurés, ni les témoins experts des deux côtés, pas plus que l’accusé lui-même, et sans avoir suivi le procès,  et mené davantage par ses émotions que par ses connaissances en droit pénal, ce « monde ordinaire »  émettra alors péremptoirement son propre jugement, son « avis d’expert » qui devrait illico renverser celui de la Cour de justice.   Il  capitulera pourtant devant des choix qui le concernent davantage que le simple cas d’un perverti qui ne fréquente même pas son quartier, choix qui ont des conséquences sociales et économiques importantes pour son avenir comme l’exploration et l’exploitation minière, pétrolière et gazière. Il sera contre si c’est dans sa cour et s’il pense que ça pourrait menacer éventuellement son confort personnel. Il ne veut rien entendre si on lui suggère de faire sa propre démarche scientifique, sa propre recherche – par exemple sur internet- des arguments scientifiques ou techniques qui l’aideront à se former une opinion plus éclairée d’un problème technique ou scientifique. Une telle attitude de fermeture, de repli scientifique sur soi, peut mener loin… très loin. C’est ainsi que la population de la Terre entière, formée admettons-le, majoritairement de « monde ordinaire » a confié à un petit groupe d’«experts » sur le climat, le GIEC créé par l’ONU, la tâche suivante , colossale et lourde de conséquences :

« Évaluer sans parti pris et de façon méthodique, claire et objective, les informations d’ordre scientifique, technique et socio-économique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les fondements scientifiques des risques liés au changement climatique d’origine humaine, cerner plus précisément les conséquences possibles de ce changement et envisager d’éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation ».

Avant même de débuter ses travaux, le GIEC affirmait qu’il y avait un changement climatique d’origine anthropique significatif . Or une telle affirmation n’est toujours pas prouvée, et au fur et à mesure que l’on découvre la complexité de la question climatique,  que les observations scientifiques tendant à contredire cette hypothèse s’accumulent , et que les modèles climatiques du GIEC échouent la double épreuve de la calibration et de la validation, il devient de plus en plus difficile de démontrer cette affirmation. Pas étonnant alors qu’une population ignorante de la science, de la démarche scientifique et de la rigueur qui doit l’accompagner, ait laissé passer une pareille énormité sans protester.

Il n’est pas moins étonnant que la peur l’emporte sur la raison quand un médecin de Sept-Iles prétend avoir trouvé des bleuets de taille gigantesque sur un site d’exploration uranifère ou quand on parle d’aliments irradiés ou d’OGM pouvant rendre l’homme « ordinaire » radioactif – il devient phosphorescent dans l’obscurité- et résistant aux doryphores!… Dans la semaine qui a suivi le séisme du Saguenay, un médecin qui traite la couperose, les varices et les hémorroïdes à l’aide de champs magnétiques – eh oui!- m’a appelé pour me dire que ses patients -que j’appellerais plutôt clients- présentaient beaucoup plus de problèmes d’hémorroïdes que normalement et que c’était dû au tremblement de terre. Je lui ai dit que c’était peut-être l’angoisse ou la nervosité qui avaient déclenché ces crises, mais il m’a dit que c’était plus « fondamental », plus physique, et que c’étaient les ondes sismiques qui perturbaient ainsi l’orifice  de ses patients!. Il y a donc aussi des « médecins ordinaires ». Le vocabulaire scientifique et technique du « monde ordinaire » est aussi limité : le soir du 25 novembre 1988, suite au séisme du Saguenay, quand les médias ont parlé d’une fuite d’acide fluorhydrique (HF) dans l’atmosphère au-dessus de l’usine de l’ALCAN, aucun citoyen n’a paniqué. HF ne fait pas partie du vocabulaire des choses « dangereuses » que les médias lui ont appris à craindre comme OGM, BPC ou AMIANTE. Comme dirait Radio-Canada, « respirez pour voir » une petite bouffée de HF !  vous cracherez vos poumons! Heureusement que ce soir-là il n’y a pas eu d’inversion de température et que le petit nuage a tranquillement fait son chemin vers la réserve faunique des Laurentides, autrement, il y aurait probablement eu des morts. Le Directeur de la sécurité civile, conseillé par des scientifiques, a pris la bonne décision : on n’a pas évacué. Si le nuage de HF ne s’était pas comporté sagement, croyez-vous que celui qui a pris la décision ainsi que ses conseillers auraient subi un sort bien différent de celui des sismologues italiens?

p.s. La photo qui illustre ce billet a été prise en février 2011 devant la boutique Map World à Christchurch en Nouvelle Zélande, deux jours après que j’y eus acheté une carte géologique du pays.

commentaires
  1. crioux dit :

    Est-ce qu’on va pouvoir poursuivre les « scientifiques » qui nous ont arnaqué des milliards avec le faux « réchauffement anthropique »?

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