On parle du devoir de réserve, celle dont on doit faire preuve dans certaines circonstances délicates, quand on occupe par exemple une fonction officielle. Je réclame pour ma part le devoir de mépris. Parfois, sur ce blogue, ou suite à des commentaires que j’ai faits sur facebook, on m’a reproché mes « propos méprisants ». En réalité il s’agissait de propos qui allaient à l’encontre des opinions politiques de ceux qui me les reprochaient. À entendre les auteurs de ces reproches, tout le monde il serait beau et gentil et tout le monde il aurait droit au respect. J’ai fréquenté ou croisé des milliers de personnes dans ma vie, des élèves, des collègues, des confrères, des BS, des chômeurs, de simples ouvriers, braves et vaillants, des érudits des sciences molles, des artistes, des membres de ma famille, des connaissances et des amis. Je n’ai pu choisir que ces derniers. J’ai une opinion plus ou moins éclairée sur chacun d’entre eux. Cette opinion est fondée sur les trois valeurs qui gouvernent ma vie. Je juge donc les êtres humains sur la base de ces trois valeurs. Quand un geste ou une parole me heurte, j’ai non seulement le droit mais le devoir d’en rabrouer l’auteur. Le « j’taime pas la face! » ne suffit pas et est injuste. Il faut expliquer en quoi la personne – ou le groupe- mérite votre mépris ou si vous voulez, ne mérite pas votre respect. Vous aurez ainsi compris que je réclame aussi le droit de mépris d’une collectivité, comme celle des tis-morveux qu’on appelle abusivement « les étudiants ». Sarko appelait « racaille » ceux qui foutaient le feu dans les voitures et que la go-gauche appelait « la jeunesse ». J’ai aussi le devoir de mépris envers ceux que mon ami Réjean Breton appelle collectivement et affectueusement les « syndicaleux ». Ils m’ont déjà adressé d’ailleurs une mise en demeure pour mes propos jugés par eux « homophobes et sexistes » à leur endroit. On m’a reproché d’appeler « tis-morveux » les manifestants étudiants et autres percussionnistes de basses-casseroles. J’ assume toujours mon propos en toute quiétude car ces gens heurtent mes valeurs et je peux dire en quoi ils le font et ils doivent savoir pourquoi je les méprise collectivement. Celui qui est incapable de mépris est aussi incapable d’admiration. Le respect n’est pas un droit. Il doit se mériter.
p.s. Les méprisés ne sont jamais loin de la bêtise. Confieriez-vous l’avenir d’un « pays » à quelqu’un qui confond le couvercle de sa boîte à sucre et celui de sa boîte à farine avec une casserole?
Pour moi le mépris n’est pas une belle valeur humaine. Par contre, la compassion en est une par exemple. J’éprouve présentement de la compassion pour vous qui avez du mépris pour vos semblables.
@Alain Le mépris n’est pas une « valeur » comme vous dites , il est un sentiment, un état d’âme. Et j,ai le devoir de l’exprimer quand je le juge mérité. Et je ne veux pas de votre compassion. La compassion que vous exprimez est celle de la pitié pour un être qui ne vous rejoint pas, qui ne partage pas votre point de vue ou vos « valeurs » comme vous dites. Dites-moi ce que vous avez accompli, ce que vous faites dans la vie, et je vous direz qui vous êtes… selon moi et non pas selon vous. Et pour mes « semblables » comme vous dites, s’ils sont vraiment semblables à moi, ben j’ose les respecter, et non pas les mépriser. Alors selon vous, tout le monde il est beau , gentil, travaillant, vaillant, productif, charitable, généreux… et blablabla?
@Alain, avez-vous de la compassion et la d’admiration envers les terroristes qui décapitent leur otages? envers ceux qui lapident des femmes, envers Luka Magnotta? Faut bien faire partie d’une secte pour avoir une vue aussi limités de la réalité.
Certains gens méritent amplement notre mépris. Et même si ce n’est pas au même niveau, Mme Marois en mérite aussi. Essayer de nous faire croire qu’elle peut diriger le Québec, pensant qu’on allait oublier la toilette silencieuse à 100 000$, les fusion forcées, la mise à la retraite des infirmière, la réforme scolaire, la pension A VIE de 80 000$ voté a son mari et surtout les manifesteux qui sont trop jeunes oublient qu’elle était POUR le dégel et POUR l’augmentation des frais de scolarité il n’y a pas si longtemps.
Jésus, selon la Bible, a su avoir de la compassion pour des gens que le commun des mortels considérerait comme des monstres. On peut y croire ou ne pas y croire, admirer ou ne pas admirer cet homme réel ou fictif. Cependant, se faire le véhicule de son message tout en prêchant le droit et même le devoir au mépris, je trouve ça un peu étrange, pour ne pas dire perturbant (je ne vise personne en particulier, je passe un commentaire comme ça).
Ceci dit, je ne suis pas chrétien. J’essaie malgré cela de ne pas mépriser les gens et j’ai l’humilité en haute estime. Pourtant, mon discours et mes agissements démontrent souvent à quel point je suis faillible, à quel point le mépris et l’orgueil s’installent facilement en moi et à quel point ce combat que je leur livre requiert temps, énergie, patience… et humilité. Pour combattre ce flot de mépris qui parfois m’assaille, j’essaie de châtier mon discours et de ne pas chercher à outrer mon exaspération et mon indignation. Et pourtant, mon discours d’adversaire du mépris possède parfois un ton qui se rapproche bougrement de ceux de M. Du Berger, défendeur ici du droit au mépris. Comme quoi je ne suis pas Jésus. Le même genre de contraste entre convictions et actions s’observe cependant aussi pour M. Du Berger, qui proclame ici haut et fort son droit et même son devoir au mépris, ce qui ne l’empêche pas d’être courtois en moult occasions où il serait sûrement justifiable d’être un peu impatienté et abrupt.
Ceci dit, ma tolérance a aussi ses limites, comme pour tout un chacun, tout défenseur de la compassion qu’il soit. Luka Magnotta, par exemple, pourrait bien quant à moi être envoyé et maintenu vivant dans un profond petit trou souterrain comme ces pauvres mineurs chiliens le furent il y a quelques années. Il est fou, certes, mais il le serait certainement bien plus après six à huit mois d’un tel régime. Une chance (pour lui, mais aussi pour moi et pour la société en général), la loi est là pour s’assurer que ce genre d’idées sadiques ne sont pas appliquées dans son cadre.
Les Russes furent un peuple très croyant et très pieux. Cet article et les commentaires ci-dessus m’ont fait songer à deux romans russes qui m’ont profondément marqué: «Crime et châtiment», qui décrit avec une troublante puissance le chemin de croix d’un grand coupable vers sa rédemption, et «Le maître et Marguerite», qui illustre de façon émouvante et pourtant fort humoristique l’immense compassion du Christ.
Il faut du courage pour faire l’apologie du mépris, mais aucun pour clamer haut et fort sa propre tolérance. Vous souvenez-vous de cette parabole du figuier ? même la tolérance de Jésus avait ses limites. Et Il n’a jamais tapé sur des casseroles Lui -elles n’étaient pas encore inventées, mais comme Il était Dieu, Il aurait pu les inventer illico et taper dessus- Il a préféré les sermons sur la montagne… Heureux les go-gauches, car ils verront Pauline dans la parade des tis-morveux, jouer des cymbales avec deux couvercles de ses boîtes à sucre et à farine . http://www.entretienschretiens.com/102%20La%20parabole%20du%20figuier%20sterile%20-%20Lc%2013%286-9%29.htm
Je trouve curieux que vous assimiliez «mériter le mépris» et «ne pas mériter le respect».
Selon ma conception, faillible et sans doute discutable, le mépris n’est pas l’indifférence. Je trouve qu’il y a un peu de respect dans le mépris, du simple fait que le méprisé vaut la peine que l’on pose un jugement sur sa personne ou ses agissements, et que l’on choisisse de s’affirmer contre. Alors que l’indifférence ne présuppose aucunement le respect.
D’un certain point de vue, le mépris pourrait être considéré comme une arme de guerre (ou de gué-guerre, selon les circonstances), utile pour dévaluer l’adversaire et maintenir à un niveau acceptable l’animosité qui pousse à continuer les hostilités. Mais n’est pas adversaire qui veut. Si l’attaquant est considéré comme négligeable, on lui oppose l’indifférence: il n’a pas mérité le respect. Si au contraire on accepte la joute (la gué-guerre), de ce simple fait on lui accorde une part de respect, de ce respect pas forcément aimable, mais pourtant bien réel, que se confèrent entre eux les soldats d’armées ennemies (ou niennemies, selon les circonstances encore).
Il y aurait gué-guerre entre vous et les syndicalistes et les étudiants? Je le crois, et je ne vois pas pourquoi je jugerais votre mépris à leur égard plus sévèrement que le leur à votre égard (qu’on ne se leurre pas, ils ne voient pas le monde comme tout gentil tout beau non plus).
Bon! À la gué-guerre comme à la gué-guerre, j’imagine… Je trouve seulement dommage que notre société s’y complaise autant. Cet état de constante tension est-il vraiment productif? Je comprend bien que chacun veut que les choses changent pour le mieux.
Mais ne serait-il pas possible que gogochistes et drèdrèttistes s’assoient ensemble et discutent posément, plutôt que ce dialogue de sourds qu’ils mènent depuis des siècles à grands coups de sarcasmes et de menaces prenant parfois dangereusement corps? Après tout, à gauche comme à droite, le travail est le secret du succès.
Oui oui, je sais! Chacun attend un premier pas de l’autre côté…
J’ai plusieurs relations gogochistes que j’aime beaucoup. J’ai aussi plusieurs relations drèdrèttistes que j’aime beaucoup. Mais les faire se rencontrer pour un souper? Quelle plaie! C’est un moyen magnifique de scraper bien comme il faut une soirée. J’aime bien la discussion, mais pas comme ça.
Signé: Filou le tiède
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M. Du Berger, ne faites-vous pas du bénévolat? C’est la compassion qui vous pousse vers ça? C’est beaucoup plus à gauche, dans mon livre à moi, que de beugler dans les rues en jouant de la casserole. Serait-ce là où vous tracez la différence entre la gauche et la gogoche? Demandé sans désirer vous offusquer…
Pardonnez, mais je m’immisce. Cette discussion en effet a pris une tournure qui m’interpelle et je ressens le besoin d’ajouter mon grain de sel à cette sempiternelle gueguerre gaugauche drèdrète, où l’on pousse l’odieux à s’étonner que la psyché collective soit sujette à tant de bégaiements stériles. De nos jours, on assiste à un duel de factions bien structurées qui tourne en rond la plupart du temps, ce qui n’est pas sans dénaturer le modèle d’origine. A la fin du 18e siècle on s’en souvient, la droite se voulait la défense des privilèges d’une élite minoritaire qui regroupait la noblesse (les fonctionnaires de l’époque) et le clergé alors que la gauche était constituée des forces plus révolutionaires de la masse du tier-état, avec comme figure de proue la bourgeoisie et ses banquiers ainsi que les commerçants de tous accabits avides de capitalisme.
Au 21e siècle, les fonctionnaires ont leurs acquis de même que leur sécurité, le clergé a changé de nom (qui donc de nos jours aime bien nous éclairer de sa sagesse en prélèvant de modestes contributions obligatoires sans pourtant générer la moindre richesse?), les syndiqués ont leurs conventions, les bénificiaires ont leurs programmes sociaux, les néo-bourgeois ont leur luxe et le payeur de taxe a ses griefs… Dans notre monde moderne, qui donc préconise la non-remise en question des privilèges, la droite ou la gauche? Qui porte l’odieux d’être l’élite du 1%? Qui représente le tier-état et qui rapporte le plus en impôts? Qui siphonne le fruit de la productivité du tier-état? Qui désire s’affranchir de ses chaînes afin de jouir de plus de liberté, la droite ou la gauche? En répondant à ces questions, on constatera deux choses: l’inversion des pôles et l’étalement des privilèges dans toute la pyramide sociale, ce qui confère à certains le pouvoir de construire de hauts immeubles à bureaux et de se comporter comme les banques qu’ils dénoncent…
Ne vaudrait-il pas mieux apeller un chat un chat? . Il y a d’un côté les néo-bourgeois qui produisent de la richesse et de l’autre les forces niveleuses d’inégalités qui prélèvent mais ne générent aucune richesse. D’aucuns pourraient caricaturer en parlant d’arrivistes goinfres et de sangsues pleignardes, l’un ne va pas sans l’autre. Or dans le système actuel, de plus en plus de sangsues semblent être habitées du désir de devenir goinfre, ce qui fait que de plus en plus de goinfres se débattent pour s’en débarrasser ou quittent vers d’autres cieux. Ne devrait-on pas étudier les effets économiques des deux forces en présence plutôt que de polariser le bien et le mal? Le peuple gagnerait à être éclairé par la science qui analyse l’allocation des ressources limitées de la Terre aux différents besoins et désirs en compétition de la société. Une image vaut mille mots: tout le monde veut une part du gâteau, mais tout le monde oublie qu’il en est réellement une. Quant au mépris, cela se veut l’effet secondaire inévitable de la transparence que l’on réclame à grand cris. Trois citations que je souhaite partager:
« To Sin by Silence when we should Protest makes cowards out of men. »
-Ella Wheeler Wilcox
« All politics are based on the indifference of the majority. »
-James Reston
« Il est certaines gens dont l’indifférence et le mépris font plus d’honneur que l’amitié et les louanges. » (Désolé, la citation intégrale en suédois n’aurait pas été très pertinente)
-Axel Oxenstiern
Les épidermes sensibles abusent de la première et sabotent leurs causes. Les invertébrés démontrent la seconde et entretienent l’inacceptable. Il n’est pas toujours facile de faire preuve de discernement entre ces deux extrêmes. Ceux qui, au fait de la troisième s’élèvent au-dessus de la mêlée de par leur flegme et canalisent leur mépris au moment opportun réussissent là où les activistes professionnels ou opportunistes frappeurs de casseroles échouent…