Je romps un instant la torpeur de mon été, pour vous livrer un billet urgent, compte tenu de l’opposition que certains groupes de pression ont commencé à manifester au dézonage agricole autour de la ville de Québec.
Dans les dernières années de sa vie, je questionnais souvent ma mère sur la vie d’autrefois. Ainsi je lui demandai un jour pourquoi elle nous servait de l’agneau presque à chaque dimanche tandis que les autres familles dînaient autour d’un roast beef. Elle leva alors la tête bien haut et me dit avec dignité et fierté « les pauvres mangent du roast beef le dimanche, nous on n’était pas pauvres! » Je crois que la vraie raison était que ma grand-mère avait des racines irlandaises et qu’elle avait habitué sa famille à cette viande chère mais tellement goûteuse. Je me souviens aussi que lorsque je faisais le marché avec ma mère, elle déposait le gigot d’agneau sur le tapis et la caissière lui demandait comment elle préparait ça. Pour la vaste majorité des Québécois, l’agneau a toujours été une viande suspecte qui « goûte la laine » . Pas pour ma famille. Plus tard, je me suis mis aux méchouis et osai deux fois acheter de l’agneau frais du Québec. Il était moins bon et surtout beaucoup plus gras et plus cher que celui que ma mère achetait à l’époque congelé d’Australie ou de Nouvelle-Zélande – vous savez, ces gigots maintenant frais et emballés sous vide avec le petit drapeau bleu étoilé à l’Union Jack si irritant pour les nationalistes québécois-. C’est celui que j’achète. D’ailleurs, comment un peuple qui déteste autant les moutons peut-il élever du bon agneau?
C’est un long préambule pour le sujet de ce billet qui concerne essentiellement l’opposition obstinée et farouche de certains groupes de pression au dézonage agricole. On veut ainsi « protéger » à n’importe quel prix la vocation d’un territoire , laquelle on prétend consacrée à jamais. C’est une attitude non seulement puérile et déraisonnable mais contre-productive et rétrograde. On voit déjà de sauvages prises de possession de territoires par de vils et mercantiles promoteurs immobiliers ou industriels. On pleurniche en brandissant des arguments tels « nos enfants devront manger des carottes chimiques de Californie très chères comparées à nos carottes biologiques locales !». Expliquez-moi alors pourquoi l’agneau frais de Nouvelle-Zélande ou d’Australie qui nous arrive à Québec par avion est moins cher et meilleur que celui de Charlevoix qui arrive par camion?
La vocation agricole d’un territoire ne doit jamais être « protégée » à tout prix. C’est le progrès, le développement (que je ne qualifie jamais de « durable » puisqu’un développement ne peut jamais être durable) d’une société, ainsi que de l’industrie et du commerce qui y sont liés qui doivent déterminer la dynamique de l’évolution d’un territoire, donc des vocations qu’on pourra lui prêter à différentes époques. Je suis donc fermement opposé à ce qu’on consacre à jamais la vocation agricole des terres et territoires présentement zonés « agricoles » autour de Québec et aussi ailleurs au Québec.
C’est la dynamique d’une population, d’une communauté qui doit commander l’utilisation qu’elle fera de son territoire et non pas des considérations de nature purement environnementalistes, écologistes, et donc forcément idéologiques, aussi bucoliques et nostalgiques puissent-elles être. Chaque changement de vocation d’un territoire doit être raisonné et raisonnable. Chaque projet nécessitant la mutation de la vocation agricole d’un territoire ou secteur en une autre vocation, doit être examiné attentivement pour en mesurer les impacts bénéfiques qu’on compare ensuite contre les impacts négatifs du projet sur le dit territoire mais aussi sur la communauté (pollution de l’environnement, décroissance, stagnation, chômage, etc). C’est ce que j’appelle le développement raisonnable ou raisonné et non la stupide notion de développement « durable » qui nous a été imposée par les biologistes et autres fonctionnaires ronds de cuir québécois.
À ceux qui s’inquiètent de l’héritage qu’on laissera à nos petits-enfants, je réponds que je préfère leur laisser des leçons de développement dynamique et raisonnable que des carottes molles bio- québécoises. Au super-marché, dans le rayon bio, saisissez une botte de carottes bio-québécoises et vous verrez qu’elles possèdent moins de turgescence que la quéquette à pépé… Que mes petits enfants mangent des carottes fermes californiennes engraissées à l’azote « chimique » de Monzanto ou des carottes molles de Charlevoix engraissées à l’azote provenant du crottin garanti bio beauceron de moutons de St Georges -aussi chimique que celui de Monzanto- , je m’en fous , ça reste de l’azote. Comment voulez-vous que les enfants d’école comprennent ça si leurs parents en sont incapables et ignorants? L’important c’est qu’ils les paient le moins cher possible et qu’elles soient les meilleures possibles ces carottes Cela s’appelle du libre-marché, de la mondialisation. Et l’opposition obstinée à cela s’appelle anti-capitalisme, altermondialisme ou plus grossièrement, gogauche. Je poursuis donc inlassablement ma croisade contre l’obscurantisme gauchiste vert dans les écoles et à la lecture de certains commentaires de groupes de pression écololo-agricolo-nostalgiques, je vois que j’ai aussi du travail chez certains adultes.
Je suis donc farouchement opposé à l’interventionnisme étatique , s’exprimant certes par la détestable social démocratie mais aussi par un excès de mesures, lois et règlements qui viennent alourdir, encombrer, emmerder la vie du citoyen à qui on accorde ainsi de moins en moins de marge de manoeuvre, donc de liberté. Au contraire des gauchistes altermondialistes nostalgiques qui voient comme conséquences du dézonage agricole des prises de possession sauvages de territoires, j’y salue plutôt la libération d’un lourd joug qui nous fut trop longtemps imposé. Il existe de toutes façons des normes municipales et provinciales pour empêcher ou modérer les excès. J’ai la même attitude en ce qui concerne la «protection » de l’environnement ou du patrimoine bâti. Il est stupide de vouloir tout protéger à tout prix! Pour moi, il s’agit d’une question de principe, pas mal plus sérieuse que le fromage au lait cru du terroir ou l’agneau frais de Charlevoix.
Au sujet de l’agneau, laissez-moi terminer par ce que j’en ai découvert lors de mon voyage de février dernier en Nouvelle Zélande. Le pays compte 4 millions de Néozélandais et… 40 millions de moutons. Or, les flatulences de ce bétail générant à elles seules davantage de « gaz à effet de serre » que tous les véhicules automobiles néozélandais réunis, on a développé des fourrages qui produisent beaucoup moins de méthane que ceux traditionnels. Les moutons néozélandais pètent donc écolo!. Chers amis écolo-nationalistes québécois, pensez-y deux fois avant d’acheter votre prochain gigot (numéro 8 ci-dessous) d’agneau « frais » du Québec!
Qu’il est bon de vous lire! Que voilà enfin des propos intelligents à l’encontre de toute la propagande à la mode! Mon Dieu que ça fait du bien. J’aime bien la pensée que de l’azote, ça reste de l’azote!
[…] L’agneau frais du Québec et son territoire agricole. « Le blogue de Reynald Du Berger. Tags: Le blogue de Reynald Duberger Aut'Fréquences | Blogue de Midi Jazz | Blogue du Festival d'été de Québec | blogue du moment | Burp | Choux de Siam | CKRL | Culturils | Du cyberespace à la cité éducative | FEQ | Francis Desharnais | Francis Vachon photographe | Gilbert Lavoie | l'observateur | La marge | La Musicographe | La récréative | Le blog de Phlppgrrd alias Philippe Girard | Le blog monlimoilou.com | Le blogue de Nicolas Houle | Le carnet de Sophie Imbeault | Le Fureteur québécois | Les carnets de Michel Roberge | Les Quatre Saisons Jean Provencher | Le tour de la Gaspésie pour vaincre le diabète | Librairie Vaugeois | livingthelivelife | Mario tout de go | Mots et maux de la politique | Patwhite.com | podcast | Pour la suite… images et mots | Quebecspot Média | Québec t'aime | Science dessus-dessous | sports | Steve Deschênes | suggestions hebdomadaires | suggestions quotidiennes | Summer au pays des caribous | Synchro Blogue – Sandra Bellefoy | Variétés crues | Voix de faits Blogue de combat | Vol de mots | http://www.fg-photos.com | […]
COMMISSION DE PROTECTION DU TERRITOIRE AGRICOLE DU QUÉBEC
Mission
Garantir pour les générations futures un territoire propice à l’exercice et au développement des activités agricoles.
À ce titre, assurer la protection du territoire agricole et contribuer à introduire cet objectif au coeur des préoccupations du milieu.
Mandat
La Commission de protection du territoire agricole du Québec est essentiellement chargée :
•de décider des demandes d’autorisation qui lui sont soumises en vertu de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles relativement à l’utilisation à des fins autres qu’agricoles, au lotissement et à l’aliénation d’un lot de même qu’à l’inclusion d’un lot à la zone
•de délivrer les permis d’exploitation requis pour l’enlèvement du sol arable et du gazon;
•de surveiller l’application de la loi en procédant aux vérifications et aux enquêtes appropriées et, s’il y a lieu, en assurant la sanction des infractions;
•de conseiller le gouvernement sur toute question relative à la protection du territoire agricole;
•d’émettre un avis sur toute question qui lui est référée en vertu de la loi.
La Loi sur la protection du territoire agricole s’applique sur l’ensemble du territoire du Québec au sud du 50e parallèle.
Le seul problème c’est qu’une terre zoné verte qui vaut 200 000 douilles en vaux 1 000 000 de douilles zoné blanc. C’est comme cela que tu fais de l’argent dans la vie. Si tu mets le zonage en mode liberté humaine, tu détruis la petite mine d’or. Il faut garder la richesse entre les mains des plus riches et protégé le système. Sinon le gars qui est millionnaire va peut-être se ramasser avec un petit 35 000 douilles comme salaire annuel. Si tu te mets millionnaire au Québec et puis tu ne décrisses pas, c’est peut-être parce que ça ne serait pas possible ailleurs.