Si les statistiques montrent qu’ils l’ont de plus en plus longue, nos « aînés » québécois ont la vie de plus en plus pénible. Sur le drame de l’Isle-Verte, on en a entendu des vertes et surtout des pas mûres, qui se voulaient toutes politiquement correctes. Certaines irréfléchies comme « une vingtaine de corps manquent encore à l’appel », d’autres inexactes comme « s’il y avait eu des gicleurs, il y aurait eu moins de victimes », car en ce cas, il n’y aurait eu aucune victime! Il n’y a jamais d’incendies dans les bâtiments munis de gicleurs, il ne peut y avoir que des débuts d’incendies.
On s’inquiète de la malbouffe dans nos écoles. Des inspecteurs zélés débarquent régulièrement dans nos garderies privées ou à 7$, pour voir comment les bébés et enfants qu’on y décharge tous les matins y sont nourris, car il faut s’assurer que le guide alimentaire canadien y soit scrupuleusement respecté. Y a-t-il des objets ou des jouets qui peuvent blesser les « bénéficiaires »? Mais s’inquiète-t-on du bien-être physique et moral des vieux qu’on a parqués dans nos foyers, hospices et CHSLD, ces vieux qui attendent patiemment et silencieusement la fin… qui tarde à venir?
Un promoteur veut transformer un hôtel de la Grande Allée en résidence pour vieux autonomes. Les tenanciers des bars voisins s’y opposent férocement. Cette horde de vieux qui envahira leur quartier, réservé à la jeunesse, n’augure rien de bon pour l’avenir de leurs établissements. Un animateur de radio de Québec doute même que ces vieux soient capables de négocier les étroites chicanes du stationnement souterrain de l’hôtel avec leurs grosses bagnoles. Ce ne sont que de vieux grincheux qui vont se plaindre du tintamarre métallique de la jeunesse qui envahit les Plaines d’Abraham à chaque été et la Grande Allée à longueur d’année. Les vieux doivent se contenter d’aller écouter leur musique de vieux au Grand Théâtre et au Palais « mon calme », – comme plusieurs jeunes écrivent sans doute- car voyez-vous, Les Plaines et la Grande-Allée, c’est réservé à la jeunesse fougueuse, mais pas toujours respectueuse de la langue et des vieux. Dégagez les croulants!
Ces « aînés » dont on ne veut plus, sont devenus des vieilles raclures qui encombrent la vie des jeunes, et ils sont de plus en plus responsables d’une « inéquité inter-générationnelle ». Ils étaient pourtant jadis simplement des vieux respectables qui faisaient partie de la société, et surtout de sa cellule de base qu’est la famille. Ils racontaient des histoires, bien plus souvent inventées de leur cru que lues dans un livre, chantaient des contines, fabriquaient pour leurs petits enfants des jouets en bois qu’ils peignaient à la main . On les aimait, on écoutait leurs histoires, assis en pyjama à leurs pieds , et à l’adolescence, on leur demandait conseil. Ils avaient leur chambre à coucher dans la maison familiale. La famille s’en occupait jusqu’à la fin. La « dignité » qui suivait la fin, était aussi l’affaire de la famille, plutôt que celle maintenant expéditive et érigée en pub, d’une entreprise de pompes funèbres. Mais la famille… qu’est-elle devenue en 2014? Pourquoi cette pseudo-dignité qu’on concède aux vieux, leur est-elle accordée seulement après la mort et prise en charge par les pompes funèbres?
L’autre jour, je suivais une voiture avec cette mise-en-garde impérieuse dans la lunette arrière « bébé à bord ». Impérieuse, mais pas impérative, car il y manquait le « poing » d’exclamation,… qui ne tardera pas. La « dame » au volant me demandait de garder mes distances, car sa voiture transportait quelque-chose de beaucoup plus précieux que moi : un bébé. Qui est ce bébé? Deviendra-t-il un adulte responsable ou un criminel qui coûtera une fortune en tentatives répétées de « réhabilitation » ou de désintox car le petit aura un peu trop « consommé »? Pourquoi devrais-je être plus prudent derrière cette voiture que derrière celle conduite par un médecin, un chercheur, un ingénieur, tous sexagénaires?
J’aurai 69 ans dans quelques jours. Je suis à la « retraite » de l’université, mais je ne veux pas me retirer de la société. Peut-être m’y forcera-t-on un jour. On jugera alors de ce que j’aurai accompli, de bien comme de mal, depuis ma naissance, et des chances que je sois encore bon à quelque chose, à quelque cause. Mais imaginez que je mette dans ma lunette arrière de voiture « vieux à bord… et au volant par dessus le marché!».. qu’est-ce qui risque de m’arriver? On me retirera de force de la circulation…. avant que ma voiture ne « s’embale ».
FAUST : Et que peux-tu pour moi?
MÉPHISTOPHÉLÈS : Tout! tout! Mais dis-moi d’abord ce que tu veux : est-ce de l’or?
FAUST : Que ferais-je de la richesse?
MÉPHISTOPHÉLÈS : Bon! Je vois où le bât te blesse! Tu veux la gloire?
FAUST : Plus encore!
MÉPHISTOPHÉLÈS : La puissance?
FAUST : Non! Je veux un trésor qui les contient tous! Je veux la jeunesse!
Je suis complètement d’accord avec votre point de vue et je crois que Goethe aussi 😉
D’accord à 100/100. Très bon article.
Je suis d’accord avec le texte, mais un point demeure, si le Concorde devient une résidence pour personnes autonomes, j’ai peur qu’à long terme, certains résidents vont se plaindre du bruit et surtout des activités sur les Plaines d’Abraham (Festival d’été entre autres). Je pense à ceux critiquant le Red Bull Crash Ice dans le Vieux-Port, et c’est de là que mon interrogation démarre. Mais je suis consciens que dans ce secteur, un peu plus loin, entre autres sur l’Avenue Laurier, il y a aussi des immeubles où vivent des retraités et on n’entend pas de critiques. J’aime tout de même mieux voir le Concorde pleins de vie avec une « résidence soleil » qu’un bâtiment vacant et à l’abandon. Je crois en terminant que économiquement, ce changement de vocation serait tout de même bon, car les retraités dépensent autant sinon plus qu’un travailleur par exemple : ils n’iront peut-être pas au Dagobert ni au Maurice, mais il y a des restaurants, dépanneur etc qui auront encore plus d’achalandage! Ma peur reste donc seulement au niveau des plaintes futures pour le bruit.
Je suis de cette génération des gens, qui au Québec, ont été incité à ce foutre leurs parents. Et je le regrette profondément, depuis plusieurs années.
Je pense encore, que mon père était un génie. Ma mère, une personne soumise à la religion, qui me semblait pas parlable. Mais j’ai finalement compris que je me devais de la respecter, parce que « fuck » c’était ma mère.
Aujourd’hui je regrette de ne pas les avoir recueillis chez moi, cajolés.
J’ai comme excuse que je n’étais pas prêt.
Mais j’ai maintenant la conviction que j’ai été manipulé par la société. Incité à penser que…
Ma mère était loin d’être une mauvaise personne. C’est juste que..
Je n’ai pas su faire, et je m’en veux.
Puis il se tût.
Quel est l’avenir des vieux au Quebec? Bien des fois je me dis que ca ressemblera à…Vous savez ceux qui séparaient les productifs des non-productifs. Quelle désolation. Je n’ai aucun respect pour une société qui ne respecte pas ses « vieux ». Et je ne crois pas non plus que cette société puisse espérer bien du succès!
Je crois, M. DuBerger, qu’il peut y avoir des victimes de la fumée même si les gicleurs sont présents car c’est la chaleur qui les déclenchera…
Un article finement mené qui ouvre à la réflexion…