Par Reynald Du Berger,

Avec un pareil titre, je crée un néologisme et  je poursuis la discussion déjà fertile en commentaires amorcée par Ian dans son billet sur la réforme scolaire.

La semaine dernière, on m’a invité à présenter à 6 reprises ma conférence sur le changement climatique à des groupes d’élèves de 5ième secondaire dans une grande polyvalente du Saguenay. C’est l’«animateur de la vie spirituelle et de l’engagement communautaire» (AVSEC) –on n’a plus le droit d’appeler ça « la pastorale » – de l’école, lequel j’avais eu le bonheur de connaître lorsque  j’habitais la région, qui m’avait invité. Je croyais intervenir dans le cadre de cours de sciences mais on m’avait plutôt inséré dans le cours « Le monde contemporain ».

Comme d’habitude, les élèves ont beaucoup apprécié et je pense avoir secoué pas mal de leurs préjugés de même que ceux de certains de leurs professeurs. Comme il s’agissait d’un cours traitant du monde contemporain, j’en ai profité pour les questionner sur leurs valeurs, leurs angoisses, leur vision de l’avenir, les problèmes environnementaux et autres qu’ils considèrent aigus, bref sur leur vision de la société moderne. J’ai constaté qu’ils percevaient la société québécoise moderne à travers des lunettes plutôt gauchisantes. Cette perception leur vient peut-être de l’influence de leurs professeurs, de leurs parents ou des deux à la fois. À l’aide d’exemples, je ne leur ai pas caché ma préférence pour les valeurs de droite, comme celles de l’individu avant celles de la collectivité, l’état discret plutôt que l’état interventionniste. Très peu d’entre eux possèdent des notions d’économie, et ça n’est pas étonnant puisqu’on a remplacé le cours d’économie par celui du monde contemporain. Ils ont aussi d’énormes préjugés sur les qualités de la gauche opposées aux défauts de la droite, comme la tendance à faire de la compassion et de la générosité des caractéristiques de la gauche, plutôt absentes à droite. Pourtant je leur fais remarquer que  Steven Guilbeault demande 3 000$/l’heure plus 1 000$/heure supplémentaire plus les frais de déplacement pour leur présenter sa version des changements climatiques, tandis que je me suis levé à 5h du matin et traversé le Parc des Laurentides afin d’être chez-eux à 8h30 pour leur présenter la mienne gratos, et je paie même mon essence, car je considère leur école trop pauvre pour payer même mon « gaz » à effet de serre ou de cerf selon que je rencontre ou non un orignal sur mon chemin. Je leur ai présenté plein d’autres exemples de doubles discours typiques de la gauche.

Une amie,  infirmière de la maternité d’un grand hôpital régional m’apprend que des bébés naissent drogués et sont agressifs et agités parce qu’ils sont en manque à cause de la « consommation » – quel hypocrite euphémisme!- de leur mère au cours de sa grossesse. Dans pareilles circonstances, je serais en faveur d’un avortement. Les élèves me regardent alors avec des yeux incrédules puis  un professeur vient à la rescousse de la mère en la considérant comme victime plutôt que comme criminelle. Pourtant celui qui est pris à fumer dans un autobus est un criminel, tout comme leur père qui conduit sans vergogne son 4×4 en ignorant le sort affreux qui attend le  nounours polaire de la page 488 de leur manuel, isolé sur son glaçon flottant et fondant. C’est peut-être ça les compétences transversales.  Mais qu’est-ce qu’on peut bien leur enseigner dans ce cours?

Rentré chez-moi, je suis allé sur le site du MÉLS, voir le contenu de ce fameux cours. Le cahier d’apprentissage comporte les 5 modules suivant les 5 thèmes du programme : environnement, population, pouvoir, richesse, tensions et conflits. Peut-on alors imaginer que l’enseignant aborde ces thèmes de façon objective? Mes idées sur ces sujets découlent des connaissances scientifiques que j’en ai, de mon tempérament, de mes expériences et de mon orientation politique. J’exprimerais donc aux élèves une opinion bien sûr biaisée et  plutôt à droite si on m’offrait ce cours sur un plateau. Et j’y prendrais un plaisir d’autant plus malin que j’aurais affaire à de jeunes cerveaux ouverts, fertiles et malléables, pas mal plus malléables que ceux des abonnés à ce blogue… Cerveaux déjà pas mal injectés – et non pas infectés…- par de généreuses doses contenues dans des  seringues plutôt gauchistes. Est-il alors possible qu’un enseignant, à la fois fan de Guy A.Lepage, de son ignoble fou et du lénifiant Dalaï Lama,  aborde ce cours avec la neutralité qui convient? Poser la question c’est y répondre.

Je dis merci à cet AVSEC qui a eu la gentillesse et surtout l’ouverture d’esprit de m’inviter à « contaminer » ses élèves et peut-être aussi certains enseignants de cette école. Que font les autres écoles?

commentaires
  1. […] This post was mentioned on Twitter by Ian Sénéchal. Ian Sénéchal said: Lesanalystes.ca : La « déforme » scolaire http://bit.ly/9pHPYL #roft […]

  2. Simon Dor dit :

    Quel est le rapport avec la réforme? Peut-on enseigner le christianisme dans un cours de religion ou les valeurs morales dans le cours de morale qui le précédait de manière neutre? Je suis dans l’ensemble plutôt d’accord avec le fait que les cours du secondaire qui se veulent des « éducations à la citoyenneté » et autres ne fonctionnent pas, mais je ne suis pas convaincu qu’il puisse exister un cours qui fonctionne et où il y a une certaine neutralité. Les profs de français ont-ils le choix des œuvres qu’ils enseignent? Les profs d’arts doivent-ils être neutres dans les styles enseignés?

  3. Simon Dor dit :

    Je relis mon dernier billet et j’ai l’impression de m’égarer et de ne pas être clair. Je suis dans l’ensemble plutôt d’accord avec le fond de votre billet mais je ne crois pas qu’il soit aisé de faire autrement et je crois que c’est une vision utopique que de croire qu’il puisse exister une neutralité en enseignement.

  4. Reynald Du Berger dit :

    Une solution: on abolit ces cours bidons fourre-tout et prétextes à l’endoctrinement le plus souvent de la gauche et on se concentre sur l’acquisition des connaissances (maths, français, sciences physiques et naturelles, histoire, géographie) plutôt que celle de « valeurs ». On s’assure qu’on transmet une culture de haut niveau et universelle (W.A. Mozart de préférence à G. Vigneault, V. Hugo plutôt que M. Tremblay) et on laisse aux parents la tâche de l' »endoctrinement » de leurs enfants, c’est à dire, « l’éducation à la citoyenneté ». Et surtout, on arrête de leur faire croire que l’acquisition de tout ça ne devrait normalement pas demander d’efforts.

    • Isabelle Robillard dit :

      Votre discours est de la véritable musique à mes oreilles!

    • Den dit :

      Bravo, Bravo et encore bravo!

      C’est vraiment rafraichissant votre discours que je partage entièrement

      Merci de nous faire part de votre expérience.

  5. Mario Boivin dit :

    le problème c’est qu’il y a un ministère de l’éducation alors qu’il devrait y avoir au Québec, un ministère de l’instruction.

    • Reynald Du Berger dit :

      Dans mon enfance (années ’50), il n’y avait pas de MÉLS, seulement un bon vieux Département de l’Instruction publique, des maîtresses avec des claquoirs,des maîtres érudits et de solides inspecteurs d’écoles. Puis naquirent les fonctionnaires, ensuite les syndicats d’enseignants et on inventa le MÉ, puis le MÉLS et enfin les réformes… et l’art d’accorder le participe passé fut considéré comme dépassé et tomba lentement dans l’oubli, avec la notion d’effort intellectuel.

      • Isabelle Robillard dit :

        Comme vous nous l’avez déjà fait remarqué avec justesse, l’appellation complète du ministère de l’éducation est:

        le Ministère de l’Éducation du Loisir et du Sport…

        L’idée même de mettre dans le même sac l’instruction, le loisir et le sport…Ça donne le ton pour l’effort intellectuel. Personnellement, juste ça m’insulte déjà profondément.

        Il y a juste au Québec qu’on peut avoir des idées aussi loufoques.

      • Bernard dit :

        … et on se prétend la société la plus avancée socialement au monde! Quand j’entends les blagues de notre armée ‘d’humoristes’, je n’en suis pas si certain.

    • Ian Sénéchal dit :

      3 possibilités :

      1) Lise s’est fait pirater son ordinateur
      2) Sarcasme à la Foglia
      3) Éclair de lucidité!

      • Isabelle Robillard dit :

        4) elle avait un « solde dû » pour son impôt de 2009 particulièrement salé

        En effet, assez troublant de lire ça dans le Devoir de la part d’une ancienne dévote de l’État!! Ça s’peut pas. On va se réveiller nous autres aussi.

        En plus, en parcourant les commentaires, beaucoup de gens semblent être d’accord avec ses propos!

        Si elle a voulu faire de l’ironie, elle s’est fait jouer un sacré bon tour!

        Elle est bien bonne, vous avez fait ma journée!

  6. lutopium dit :

    M. Du Berger, pourquoi dites-vous que Stephen Guilbeault est « de gauche »? Qu’en savez-vous? Ou est-ce tout simplement un automatisme de votre part (environementaliste = gauche)?

    En plus d’être inaccessible (à 5K l’apparition publique) M. Guibeault est très proche du gouvernement de Jean Charest et approuve la business des bourses de carbone. Je ne crois pas que le type est à gauche sur l’échiquier politique.

    • Isabelle Robillard dit :

      Peut-être ceci pourrait vous éclairer:

      Cliquer pour accéder à J764Y66955UG45B7Z43BP3G6F9MW88.pdf

      Regardez-donc qui ont signé le manifeste pour un Québec solidaire?

      Ce n’est pas Steven Guilbeault qui se rapproche du gouvernement Charest, c’est le gouvernement Charest qui s’approche de Steven Guilbeault… en le sollicitant pour être conseiller dans les énergies vertes au ministère des ressources naturelles!!

      Quand on vous dit que la gauche a pris le contrôle du Québec…en voilà un exemple criant!

      (en passant c’est Steven et non Stephen, ne salissez pas le prénom de notre premier ministre du Canada en l’associant à un tel fumiste)

    • Isabelle Robillard dit :

      Remarquez, vous avez raison de soulevez certaines contradictions avec l’étiquette de gauche de M. Guilbault, comme en fait foi le coût de ses conférences et sa proximité avec le gouvernement.

      C’est ce qu’on appelle la gauche caviar (à la Guy A. Lepage). Toute en théorie et en belles paroles, bien peu au niveau de la pratique.

      Je préfère de loin la gauche sincère, même si je ne partage pas sa vision.

  7. sébas dit :

    @ Reynald Du Berger:

    J’ai bien aimé votre texte.

    J’ai cependant 2 commentaires;

    1)
    J’ai remarqué que plusieurs (dont vous et Martineau) demandez le retour d’un cours d’économie. J’ai déjà suivi des cours de ce genre au secondaire/cegep et lu des manuels universitaires. La plupart du temps, ça fait dur en cristie. Est-ce que vous connaissez la différence entre l’économie autrichienne et l’économie keynésienne? Si non, selon moi, cette demande de cours d’économie ne servira pas à grand chose… et c’est même mieux de ne pas réintroduire ce genre de cours.

    2)
    Selon mon humble avis, la droite et la gauche ne sont que des théories déconnectées (de TOUS nos droits individuels).

    J’ai écrit ça sur le site du Québecois libre:

    *

    Selon moi (et beaucoup de libertariens), la droite et la gauche n’existent pas en dehors de la théorie. Ce ne sont que des illusions de théoriciens, pour nous faire oublier l’essentiel.

    Ce qui existe vraiment c’est;

    1) Les droits sacrés des individus.
    2) Les états centralisateurs et dominateurs ‘forts’ (‘de droite’ ou ‘de gauche’ ou le pire de ces 2 ‘courants’ réunit dans un même état ou qui agissent en alternance, à tous les 4-5 ans… pour enlever tous nos droits sacrés, les uns après les autres).

    Ou encore;

    1) La fausse monnaie étatique imposée et inflationniste (qui perd de sa valeur à chaque année).
    2) La vraie monnaie libre -non-étatique- basée sur quelque chose de concret(qui donc, prend de la valeur à chaque année et fait augmenter notre pouvoir d’achat).

    Ou encore;

    1) Le droit à la libre-association (ce qui inclus le droit de ne pas se faire ‘associer’ de façon forcée, par les formules Rand, les UPA et les armées étatiques de ce monde)
    2) La perte de ce droit (dans les régimes étatiste-collectivistes dit ‘de droite’ ou ‘de gauche’).

    ***

    Selon mon humble avis, toutes ces discussions droite-gauche nous font oublier l’essentiel et servent les intérêts des collectivistes et/ou des dominateurs/manipulateurs.

    Un libertarien ne peut être classé dans la droite parce qu’il désire la liberté. Pas plus qu’il peut être associé à la gauche. Un libertarien ne pense pas en fonction de ces théories deconnectées. Et ceux qui s’indentifient à la gauche, ont déjà été de grands défenseurs de cette liberté individuelle…

    Aussi étonnant que cela puisse paraître, aujourd’hui, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup plus de ressemblances entre vous et un néolibéral, qu’entre un libertarien et ces 2 théories pro étatistes. Les adeptes de ces 2 théories ne voient pas l’individu comme étant au centre de tout. Ils voient des collectivités, des ensembles, des gouvernements ‘forts’, de ‘grandes’ réformes à appliquer, etc.

    J’espère que ces idées vous aideront à mieux vous situer par rapport aux idées libertariennes.

    p.s.

    Une chose qui m’énerve vraiment et ce, depuis des années:

    C’est l’incapacité des étatiste-collectivistes (‘de droite’ ou ‘de gauche’), des dominateurs/manipulateurs, des syndicalistes (pro formule Rand), des théoriciens de tout acabit, etc, de discuter de l’impact de la fausse monnaie étatique inflationniste sur nos vies.

    FAIT OU THOERIE ?

    Si la démocratie véritable basée sur TOUS nos droits sacrés existait et si la monnaie libre non-étatique basée sur du concret était légalisée, 90 à 99% des inégalités/injustices économiques disparaîtraient.

    La syndicalisation ‘wall-to-wall’ obligatoire, l’UPA et tous les autres corporatismes *entérinés par l’état*, ne seraient non seulement illégaux, mais rendus caducs.

    ***

    ‘Quand pensez-vous’ (sic, ma gaffe de l’autre jour) ? Euh, qu’en pensez-vous?
    😉

  8. sébas dit :

    p.s.
    J’ai écrit ce texte (sur le Québécois Libre), en m’adressant à un individu qui se dit ‘de gauche’…

  9. Miville dit :

    Une vérité qui dérange diffusé en éthique et culture religieuse.

    Après cette mise en condition on demande ensuite aux élèves de faire une affichage allant dans le sens du film…
    http://pouruneecolelibre.blogspot.com/2010/05/ecr-verite-qui-derange-dal-gore-en.html

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